Ils avaient tout pour s’entendre. Une culture nordiste commune, une même appétence pour la bonne chaire et les bons mots, une vision commune de l’évolution de la société un peu trop woke, une même défiance envers les révoltes féminines, #metoo inclus, un respect aussi peu partagé des règles de bienséances. Et le temps de se connaître, eux qui ont servi sous trois premiers ministres, Castex, Borne, puis Attal.

Mais entre Éric Dupond-Moretti, l’ancien ogre des tribunaux, ministre de la Justice et Gérald Darmanin, jeune loup de la politique, à l’Intérieur, le courant n’est jamais tout à fait passé.

Participation du boss de la Place Beauvau à la manifestation des policiers contre la Justice en 2021, félicitations de Darmanin à Xavier Bertrand pour sa réélection du conseil régional des Hauts-de-France contre la liste menée par Dupond-Moretti, critique de l’ex-avocat quand son collègue parle « d’ensauvagement ». La belle entente n’a jamais été que de façade pendant leurs années communes au service d’Emmanuel Macron. Désormais délesté de tout maroquin ministériel, l’acteur Dupond-Moretti ne lâche plus ses coups.

Alors quand Gérald Darmanin, désormais garde des Sceaux, propose de faire payer aux détenus des prisons françaises, des frais d’incarcération, son prédécesseur reprend ses accents de ténor du barreau. «On ne va pas faire payer à des détenus l'indignité !, s’est emporté EDM sur les ondes de RTL. Qu'est-ce qu'on va faire payer à certains détenus ? Les rats qui courent dans les coursives ? Dans les cellules ? Les matelas qui sont au sol ? À quel prix ? Et puis enfin, cet argent-là, c'est de l'argent qui ne serait pas versé aux victimes. » Et l’ex plaideur de dénoncer « une course démagogique». Des mots que ne renie pas le syndicat de la magistrature, qui fustige dans son communiqué du 30 avril une « politique pénitentiaire démagogique ».

Au moins Darmanin a-t-il réussi à rapprocher Dupond-Moretti et les juges…

Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, une bromance ratée

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