Invocation du « retour à l’autorité » comme seule réponse aux émeutes sociales dans les banlieues ; pression de la France pour que le Media Freedom Act européen comporte des clauses dérogatoires au nom de la défense de la sécurité nationale ; surveillance policière ou gardes à vue de reporters trop curieux ou informés ; arrestation de syndicalistes pour « apologies du terrorisme » à la suite d’une pétition de soutien aux Palestiniens ; interdiction administrative des manifestations de solidarité à l’égard de ceux-ci, et saisine de la justice à l’encontre d’une députée LFI qui osa parler de « mouvement de résistance » à propos du Hamas ; refus du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de respecter les arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme et de se conformer à une ordonnance du Conseil d’Etat en matière d’expulsion de réfugiés politiques, au prix d’une remise en cause « décomplexée » de l’Etat de droit ; 47 millions de contrôles policiers d’identité par an, au grand dam de la Cour des comptes ; préparation de nouvelles mesures sécuritaires sous prétexte de terrorisme et de Jeux Olympiques ; affirmation par Emmanuel Macron d’une « vision partagée de la gestion de la question migratoire » avec Giorgia Meloni ; présence complaisante de la macronie dans les médias de Vincent Bolloré, fourriers de la pensée d’extrême droite ; réhabilitation subliminale de Pétain et Maurras lors de commémorations et d’entretiens ; exaltation de l’abbaye du Mont Saint-Michel comme « emblème de l’universalisme français » (sic) ; un ministre de la Justice qui reste en fonction pendant son procès par la Cour de justice de la République pour « prise illégale d’intérêts » et se voit finalement acquitté parce que cette dernière admet son incompétence (il n’était pas informé, ne savait pas, n’avait pas compris, tout pénaliste qu’il soit !) ; appel du député macroniste Karl Olive à adopter des « lois d’exception » (sic) permettant d’interdire le droit de grève lorsque se tiennent de grands événements sportifs ; non renouvellement, par le gouvernement, de l’agrément de l’association Anticor l’autorisant à se porter partie civile dans des affaires de corruption qui impliquent éventuellement des personnalités politiques ; qualification, par Emmanuel Macron, de la disposition constitutionnelle interdisant d’exercer plus de deux mandats présidentiels consécutifs de « funeste connerie » ; invention d’improbables Rencontres de Saint-Denis à l’ombre des rois de France pour contourner le Parlement et faire oublier l’échec du non moins improbable Conseil national de la refondation ; systématisation du gouvernement par conseils présidentiels, par communicants et autres influenceurs, par délégation à des cabinets de conseil privés, et par recours à l’article 49-3 privant l’Assemblée nationale de ses prérogatives : tout cela en six mois ! Les manifestations macroniennes du « libéralisme autoritaire » que prônait Carl Schmitt au chancelier Brüning, en 1932, se sont banalisées.

La France serait-elle arrivée là où elle va ?

La systématique mise en cause d’un journalisme impliqué ou les contraintes du street reporter