Journaliste de l'opposition turque réfugiée en France, Zehra Kurtay a été arrêtée hier lundi 26 mai 2025 lors d’un rendez-vous de routine à la préfecture de Créteil concernant sa procédure d’asile. Placée en garde à vue, elle a ensuite été transférée dans un CRA (centre de rétention administrative) en vue de son expulsion.

Ancienne rédactrice en chef du média de gauche Kurtulus, Zehra Kurtay a passé plus de neuf ans en prison en Turquie pour ses engagements socialistes. Pendant son emprisonnement, la reporterre a participé à un mouvement de grève de la faim pendant 180 jours, pour protester contre les conditions de détention et les mesures d’isolement total pratiquées par les autorités de son pays. Alimentée de force mais sans vitamines adaptées, elle contracte le syndrome Wernicke-Korsakoff, qui lui laisse des séquelles neurologiques graves et irréversibles, dont une amnésie partielle et un état confusionnel aigu. Finalement libérée, elle est en France en 2007, où elle obtient rapidement le statut de réfugiée politique. Statut qui lui sera finalement retiré en 2018 par l’administration française, au terme de nombreux démêlés judiciaires.

Si elle est renvoyée en Turquie, elle risque fortement d’être à nouveau arrêtée, torturée, et soumise à de lourdes persécutions. Or, le droit international et le droit français sont clairs : la Convention de Genève de 1951, l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, la Convention des Nations Unies contre la torture, ainsi que la jurisprudence établie de la Cour Européenne des Droits de l’Homme interdisent strictement l’expulsion d’une personne vers un pays où elle risque d’être soumise à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants.

A voir si le pays de la déclaration des Droits de l’Homme respecte encore l’Etat de droit et le droit international.

Etat de droit : une journaliste turque menacée d'expulsion

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