Tombé cette semaine du camion, le rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives sur « l’offre de stupéfiants en France en 2023 » délivre ses constats pour un état des lieux des évolutions et tendances de l’industrie et du commerce des drogues.

Au niveau mondial, le marché et la production de cocaïne poursuivent leur essor. « En dix ans, la superficie mondiale dédiée à cette culture (de la feuille de coca, concentrée sur la Colombie, la Bolivie et le Pérou, ndlr) a plus que doublé, culminant à 354 900 hectares en 2022, soit environ 2 700 tonnes de cocaïne produites. »

De son côté, « la France sert de point de transit pour la cocaïne à destination de l’Océanie et de l’Asie du Sud-Est, principalement via le fret postal et les vols commerciaux », pour « contourner les contrôles douaniers », note le rapport, précisant, que « la France n’é[est] pas perçue comme un pays à risque dans le cadre de la surveillance des stupéfiants. » Pas franchement flatteur pour la troisième régalienne de l’État.

Se sachant dans l’œil des autorités - les gouvernements ayant pris conscience de la menace pesant sur les démocraties -, les trafiquants font preuve de toujours plus d’ingéniosité. Parmi les innovations pour livrer leur marchandise, le « masquage chimique » rappelle le principe des poupées russes, « transform[ant] la drogue en une nouvelle substance, rendant sa détection plus difficile pour les douanes et les forces de l’ordre ». « Par exemple, indique L’OFDT, la cocaïne est dissimulée dans des matériaux porteurs tels que le charbon, la pulpe de coco ou le plastique. » Une fois parvenue à destination, « l’extraction de la cocaïne de ces matériaux se fait généralement dans des installations dédiées en Europe ».

Autre constat, celui d’une division du travail qui se renforce par la spécialisation des opérateurs : « L’organisation des groupes criminels impliqués dans le trafic de cocaïne devient de plus en plus fragmentée et décentralisée, avec une montée en puissance des groupes petits et moyens. Ces derniers contrôlent souvent une partie seulement des étapes de la chaîne d’approvisionnement et collaborent avec d’autres organisations criminelles. Le trafic se décentralise ainsi, avec des groupes spécialisés dans des tâches spécifiques de la chaîne logistique, sans nécessairement posséder la drogue qu’ils transportent. »

Sans surprise, le numérique est un outil très prisé des trafiquants. Globalement, « bien que l’offre de services numériques soit vaste, Telegram émerge comme leur plateforme de prédilection ». D’autres préfèrent recourir à des plateformes sur mesure. Après les démantèlements d’EncroChat et Sky ECC, « des ingénieurs spécialisés peuvent être recrutés pour développer des réseaux fermés et intégralement chiffrés ».

Stupéfiants : Au rapport

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