Marguerite avait honte de me montrer son appartement. Elle le trouve petit, pas confortable. J’ai insisté. Une pièce, un lit, une table, deux fenêtres, quatre chaises, des placards vides dans le quartier des Abbesses. Elle ne me propose pas de thé, pas de café. Elle n’y pense pas. Marguerite n’a pas les codes. Manger, boire, dormir, faire du sport, marcher, prendre le métro, mettre de la crème sur sa peau : elle ne sait pas faire. Tout cela lui inspire un ennui profond. Elle a des mains minuscules, des mains de petite fille. Le corps fragile, les gestes lents. Elle ne comprend pas pourquoi je tiens à l’enregistrer sur sa solitude. Elle pense être hors sujet. Elle retire ses appareils auditifs, l’un des deux n’a plus de pile, ça la perturbe. Je la regarde, lui souris. La solitude est partout dans cet appartement. Vivre vingt ans sous l’emprise d’un autre. Avoir l’impression de ne plus rien avoir à l’intérieur. Être dépossédée de soi-même. Certains diraient que Marguerite a été la victime d’un pervers narcissique. J’ai horreur de ce terme. Moi, j’ai l’image d’une poupée à qui l’on aurait arraché la tête. Son esprit est enfermé quelque part, dans une boîte, dont un homme a la clé.

🎧 Seul comme toi #8 Marguerite, une femme sous emprise

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🎧 Seul comme toi #9 Olivier, l'homme aux deux vies

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