Cher François Bayrou,

Quelle semaine !

Mardi 15 juillet, vous déclariez, lors de la présentation de votre « plan d’économies » de 43,8 milliards d’euros, vouloir notamment « responsabiliser les patients pour que le coût de la santé soit plus concret pour nos concitoyens », il est vrai que dans un pays où une personne sur quatre a déjà renoncé à des soins pour des raisons financières, chiffre qui s’élève à une personne sur deux dans les catégories les plus défavorisées, il était grand temps de sévir et de rendre les choses « plus concrètes ». « La santé ne peut pas être seulement un marché sur lequel les consommateurs soient sans frein et sans limite », avez-vous ajouté, visiblement satisfait de votre ignoble trouvaille selon laquelle la maladie et les accidents de la vie seraient, comme la fast fashion ou les objets connectés, des produits à la mode sur lesquels les « consommateurs » se jetteraient avec avidité : l’obscénité est un métier.

Les cinq milliards d’économies que vous avez affirmé vouloir réaliser en taillant dans le budget des dépenses de santé, au moyen notamment d’un doublement, de 50 à 100 euros, du plafond annuel des franchises et participations forfaitaires, sont à l’image d’un discours particulièrement brutal qui, sous couvert de bonhomie et de bon sens, avait tout d’une déclaration de guerre, sociale, à la vaste majorité de la population. Un discours durant lequel vous avez ainsi défendu le gel du montant des prestations sociales et pensions de retraite, la suppression de deux jours fériés, la disparition de milliers de postes de fonctionnaires, des privatisations qui ne disent pas leur nom, une énième réforme de l’assurance chômage et de nouvelles attaques contre le droit du travail, le tout en prétendant vouloir « agir vite et agir fort mais […] agir avec justesse et justice », quel talent, on se demande avec une curiosité mêlée d’appréhension à quoi aurait bien pu ressembler un « plan d’économies » selon vous marqué par les injustices.

« Tout le monde devra participer à l’effort », avez-vous proclamé, comme si quiconque, en vous écoutant, avait pu passer à côté du fait que, pour reprendre la formule euphémistique du très peu bolchévique journal Le Monde, votre obsession de grappiller de-ci de-là quelques milliards d’euros « semble épargner à ce stade les grandes entreprises et reste flou sur la contribution des plus hauts revenus », c’est le moins que l’on puisse dire. Et puisque rien ne vous arrête, vous êtes allé jusqu’à tenter de déminer de manière préventive les critiques qui allaient immanquablement accompagner l’absence totale de mesures mettant réellement à contribution les grands groupes privés et les grandes fortunes en déclarant que « face à l'ampleur de l'enjeu, il est illusoire de penser qu'une catégorie ou une autre puisse seule porter le fardeau », de toute évidence la fardeau de l’homme riche demeurera bien léger.

En usant de la comparaison frauduleuse entre le budget de l’État endetté et le budget d’un ménage endetté, vous avez ainsi cru bon d’expliquer ce qui suit : « Le déficit, c'est purement et simplement de la dette. C'est comme ça dans toutes les familles, c'est comme ça dans toutes les associations, dans toutes les entreprises : ce qu'on dépense en plus de ses revenus, en plus de ses ressources, il faut l’emprunter. [… Et] si vous êtes tous les mois en déficit, si vous êtes obligé d'emprunter non pas pour investir pour une maison ou pour un équipement, mais pour payer les dépenses de tous les jours, et que tous les mois, votre mensualité augmente, mois après mois, vous vous asphyxiez, et ça s'appelle le surendettement. Tous les Français savent de quelle malédiction il s'agit. C'est une malédiction pour les familles, pour les entreprises, et pour un pays c'est la même chose », si vous le dites.

Un parallèle, particulièrement stupide au demeurant, dont l’objectif était visiblement de vous poser dans un rôle que vous adorez, celui du « bon père de famille » déterminé à « bien gérer » les deniers publics. Mais force est de constater que vous n’êtes guère convaincant dans ledit rôle, a fortiori dans la mesure où, au cours des dernières semaines, un certain nombre de chiffres ont été largement diffusés qui donnaient bien des idées sur la façon dont les quelques dizaines de milliards d’euros que vous prétendez vouloir économiser en vous en prenant, une fois de plus, aux catégories les plus modestes de la population, auraient pu être trouvés ailleurs. À la condition toutefois d’en finir avec cet absurde dogme que vous et vos amis tentez de faire passer pour une règle indépassable de « l’économie », comme si cette dernière ne résultait pas de choix politiques, à savoir le catéchisme selon lequel pour limiter le déficit il faudrait à tout prix réduire les dépenses et ne pas se poser la question d’augmenter les recettes.

Et c’est ainsi que, quand bien même on se laisserait aller à filer votre inepte métaphore, il est difficile de ne pas relever qu’il faut avoir un esprit particulièrement borné pour se satisfaire de l’idée selon laquelle une « famille » endettée devrait se limiter à réfléchir à comment dépenser toujours moins d’argent sans jamais se poser la question de savoir comment en gagner davantage, surtout lorsque les moyens de percevoir des sommes importantes sont nombreux et visibles comme le nez au milieu de la figure. Et encore plus lorsque la « famille » en question s’est elle-même privée, en raison de choix dont les conséquences étaient pourtant prévisibles, de ces importants volumes d’argent qui, s’ils étaient aujourd’hui récupérés, permettraient non seulement de combler les déficits mais, mieux encore, d’envisager un certain nombre d’investissements indispensables pour améliorer le quotidien.

Cher François Bayrou, grâce à une plus ou moins heureuse coïncidence des dates, le magazine Challenges a ainsi publié quelques jours avant votre discours son classement annuel des « 500 plus grandes fortunes de France », qui nous a permis d’apprendre, entre autres intéressantes informations, que les 500 personnes en question possédaient au total une fortune équivalant à 1128 milliards d’euros, autrement dit plus de 25 fois la somme que vous semblez rechercher désespérément. Challenges souligne en outre que le patrimoine des « 500 » est passé, depuis 1996, de 80 à 1128 milliards d’euros, autrement dit qu’il a été multiplié par 14, le « top 10 » voyant même sa fortune multipliée par 24, et que « [si] en 1996, on comptait 16 milliardaires, ils sont aujourd’hui 145 », c’est-à-dire neuf fois plus nombreux. Les millionnaires ne sont pas en reste, c’est sûrement cela que l’on appelle le ruissellement, et ils peuvent sans aucun doute être particulièrement reconnaissants vis-à-vis d’Emmanuel Macron puisque leur nombre est passé, depuis son élection en 2017, de 2 millions à 2,9 millions, faisant de la France, selon la formule de Challenges, « la championne du monde des millionnaires », de toute évidence ce n’est pas la crise pour tout le monde.

Autant de statistiques qui donnent un éclairage tout particulier à vos annonces et à vos appels à « faire des efforts », et qui font par ailleurs écho à d’autres chiffres popularisés dans le débat public ces dernières semaines avec par exemple la proposition, faite par les élus de gauche, d’une loi instaurant un impôt plancher de 2% pour les ultrariches, c’est-à-dire les 0,01% de contribuables possédant plus de 100 millions d’euros, soit environ 1800 personnes. Ce dispositif, qui est inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman et qui pourrait rapporter, selon les estimations, de 15 à 25 milliards d’euros par an, a reçu le soutien de sept prix Nobel d’économie peu suspects de gauchisme, qui ont rappelé qu’il ne s’agissait pas d’une « surtaxe » mais d’un dispositif permettant « de s’assurer que les ultrariches contribuent aux charges communes dans les mêmes proportions que les Français moyens », autrement dit que les plus fortunés paient leur juste part de l’impôt, on a connu mesure plus révolutionnaire.

Une proposition que votre gouvernement a rejetée, notamment par la voix d’Amélie de Montchalin, « ministre des Comptes publics », ça ne s’invente pas, au lendemain d’un discours dans lequel vous affirmiez donc, rappelons-le, que « tout le monde devra participer à l’effort », visiblement les plus grandes fortunes ne font pas partie de « tout le monde », ce qui n’est guère surprenant mais les hasards du calendrier sont parfois particulièrement bavards. Nous nous abstiendrons, par charité, de commenter les arguments bancals, voire mensongers, de vos ministres pour rejeter cette taxation des plus riches, même si l’on n’en attendait pas moins de la part d’un gouvernement dont près des deux tiers des membres sont millionnaires, avec entre autres un ministre de l’Économie, Éric Lombard, possédant un patrimoine de près de 22 millions d’euros, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.

La semaine dernière, un rapport sénatorial nous apprenait en outre que les aides publiques aux entreprises ont atteint au moins 211 milliards d’euros en 2023 soit, de très loin, le premier poste budgétaire de l’État, sans aucun suivi et sans aucune contrepartie et soit, là encore, un bien joli pactole près de cinq fois supérieur aux « économies » que vous voulez imposer à grands renforts de « sacrifices » assumés, malgré elle, par la grande majorité de la population. Cette somme inclut des aides directes mais aussi un certain nombre d’allègements de cotisations sociales, c’est-à-dire là encore des recettes desquelles l’État s’est volontairement privé suite à des décisions politiques, et non en raison d’une quelconque fatalité économique : c’est ainsi que les exonérations de cotisations patronales se montent désormais à 75 milliards d’euros par an, autrement dit pas loin du double des 44 milliards d’euros que vous agitiez cette semaine comme un totem, croyez-nous tout cela commence à — bien — se voir.

A fortiori dans la mesure où tous les indicateurs confirment que, tandis que les riches s’enrichissent grâce à des politiques indécemment en leur faveur, les démunis sont toujours plus nombreux, ainsi que le titrait le fort peu soviétique quotidien économique Les Échos il y a deux semaines, qui expliquait que « la pauvreté atteint un niveau record en France », rapportant des chiffres de l’Insee indiquant qu’en 2023 « 9,8 millions de personnes […] vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire, fixé à 1288 euros par mois », soit « près de 650 000 personnes de plus qu'en 2022, ce qui fait grimper le taux de pauvreté de 14,4% en 2022 à 15,4% en 2023, un record depuis le lancement en 1996 de l'indicateur annuel de l’Insee » (1). Pour le dire simplement, ce que les chiffres de l’Insee confirment, le niveau de vie des plus riches augmente tandis que le niveau de vie des plus pauvres baisse, autrement dit les transferts d’argent s’opèrent depuis les maigres revenus de ceux-ci en direction des comptes en banque particulièrement dodus de ceux-là, il était donc grand temps de demander des efforts aux plus modestes.

Cher François Bayrou, vous nous rétorquerez peut-être que nos propos ne sont guère originaux et que tout le monde sait déjà tout cela, ce qui n’est pas forcément faux même si l’on peut constater que certains chiffres font, davantage que ceux concernant les inégalités, l’objet des grands titres de la presse et des commentaires des élus et ministres, mais ce qui n’est en définitive pas du tout à votre avantage. Car nous ne doutons pas que vous connaissez vous aussi ces données, et que vos « orientations » politiques, si elles sont désastreuses, ne le sont pas en raison de votre ignorance mais de choix conscients, ceux d’un responsable politique qui est non seulement au service d’une minorité sociale rapace mais qui est en outre déterminé, tout en revêtant les habits frauduleux du sympathique homme du terroir, à mener une véritable guerre de classe et à jouer le rôle d’un anti-Robin des bois visiblement ravi de voler les pauvres pour continuer de donner aux riches, sachez que souvent ces histoires se terminent mal.

En septembre 2016, un responsable politique en vue expliquait, à propos de la première candidature d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, ce qui suit : « Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique. […] On a déjà essayé en 2007 avec Nicolas Sarkozy, et ça n'a pas très bien marché. On a essayé en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn… Et ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu'elles ont raté avec Strauss-Kahn. […] Je me suis toujours opposé au mélange des genres entre la décision politique, qui doit être d'ordre civique, et le monde des grands intérêts et celui de l’argent. Il y a la séparation de l'Église et de l'État. Moi je suis pour la séparation de l'État et de l'argent […]. Je ne suis pas pour que le pouvoir de l'argent prenne le pas en politique. Cela ne marchera pas. Je mènerai la bataille pour qu'il n'en soit pas ainsi, et il est absolument clair pour qui voit le déroulement des choses que c‘est une opération de ce genre dont il s’agit », bien vu.

Ce responsable politique c’était vous, et vous étiez même allé jusqu’à affirmer alors, sur votre compte Twitter (pas encore X), que « derrière Emmanuel Macron il y a des grands intérêts financiers incompatibles avec l'impartialité exigée par la fonction politique ». Soit une preuve à la fois de votre lucidité quant au projet du macronisme et quant aux forces sociales le soutenant, de votre opportunisme lorsqu’il s’est agi de nouer une alliance, à peine quelques mois plus tard et sans interruption depuis, avec le candidat, donc, du « pouvoir de l’argent », et de la conscience déjà ancienne que vous avez d’agir dans les intérêts d’une minorité de propriétaires de capitaux déterminés à utiliser la puissance publique, pourtant supposément au service de « l’intérêt général », pour s’enrichir toujours davantage. Un processus global qui dure en réalité depuis plusieurs décennies avec, contrairement aux fables colportées par les apôtres du néolibéralisme et du « moins d’État », des politiques traduisant un soutien toujours plus fort de l’État au secteur privé, au détriment de la redistribution des richesses et de la résorption des inégalités. Une logique dans laquelle vous avez décidé de vous insérer afin d’y jouer tout votre rôle, lequel ne consiste évidemment pas à inverser la tendance mais bien à l’approfondir, tout en faisant culpabiliser — et payer — la grande majorité de la population qui n’est en rien responsable de la situation de crise dans laquelle vous et vos prédécesseurs nous avez conduits.

Cher François Bayrou, en vous écoutant présenter votre « plan d’économies » le 15 juillet nous n’avons pu nous empêcher de penser à vos déclarations lors de votre récente audition par la commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire, au cours de laquelle vous avez entre autres assumé avoir giflé un enfant devant les caméras en 2002, affirmé que ce geste n’était ni « brutal » ni « violent » et que c’était au contraire le rôle d’un « père de famille » que de donner des « tapes » que vous assimilez à des « gestes éducatifs ». Les violences contre les enfants sont bien sûr un problème spécifique et un fléau contre lequel il s’agit de lutter sans arrière-pensées et sans calculs, mais force est d’admettre que le parallèle est frappant lorsque l’on vous voit, à quelques semaines d’intervalle, défendre, d’une part, les prétendues vertus pédagogiques des violences physiques contre un jeune garçon et, d’autre part, les supposés mérites des sanctions financières contre les malades et les chômeurs afin de les « responsabiliser ».

Difficile en outre de ne pas souligner ici que votre attitude concernant les graves sévices commis dans l’établissement scolaire Notre-Dame-de-Bétharram, faite de silences coupables, de revirements incessants et de mensonges éhontés, dans le seul but d’absoudre voire de défendre une institution catholique pratiquant de façon systématique les violences contre les enfants, n’apparaît pas comme un accident de parcours mais comme un élément en remarquable cohérence avec votre long CV de politicien sans scrupules, prêt à tout pour construire ses réseaux et sa carrière, quitte à mentir, trahir et renier sa parole, qu’il s’agisse de :

- jouer les « rénovateurs » à la fin des années 1980 en défendant la nécessité du renouvellement générationnel en politique pour finir, 35 ans plus tard, plus vieux Premier ministre de la Ve République (2) ;

- passer un deal avec Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007 d’après lequel celui ou celle de vous deux qui serait au second tour face à Nicolas Sarkozy recevrait le soutien de l’autre en échange du poste de Premier ministre, accord que vous avez rompu lorsqu’il s’est avéré que c’était la candidate socialiste qui avait obtenu la qualification ;

- vous poser en chantre de la démocratie, voire de la « démocratie participative », tout en dirigeant d’une main de fer le MoDem, à la tête duquel vous avez été régulièrement réélu depuis sa fondation en 2007, avec des scores dignes du PC chinois : 96,8% en 2007, 94,7% en 2010, 87% en 2014, 93,8% en 2017, 96% en 2020, 88,1% en 2024 ;

- défendre le non-cumul des mandats et prôner « l’interdiction de l’exercice de tout mandat quand on est ministre » jusqu’à ce que, nommé Premier ministre, vous expliquiez que vous ne démissionneriez pas du poste de maire de Pau au motif qu’il faudrait « ré-enraciner les responsabilités politiques dans les villages, les quartiers, les villes » ;

- organiser un véritable chantage pour maintenir une liaison aérienne inutile entre Pau et Orly et « sauver » l’aéroport de la commune dont vous êtes maire, dans le seul but de maintenir votre petit confort personnel, à l’image de vos allers-retours en jet pour présider le conseil municipal, au détriment de la santé de dizaines de milliers de personnes ;

- endosser le rôle du chevalier blanc de la « moralisation de la vie publique » tout en présidant un parti condamné en première instance pour « complicité et recel de détournement de fonds publics » (3) ;

- exercer des menaces sur la rapporteuse — macroniste — de la commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire, Violette Spillebout, coupable à vos yeux d’avoir été un peu trop pointilleuse à votre égard et méritant dès lors d’être lâchée en rase campagne dans le cadre de sa potentielle candidature à la mairie de Lille ;

- etc.

Au total, il n’est guère surprenant que vous ayez accepté de devenir Premier ministre au prix d’une négation du résultat des dernières élections législatives, au service d’un Président de la république ultra-minoritaire dans le pays et dans le but de mettre en œuvre une politique brutale et au service d’une infime minorité. Vous vous sentez visiblement investi d’une mission, au point d’avoir indiqué l’année dernière que vous n’excluiez pas de vous présenter à la prochaine élection présidentielle, et vous n’hésitez pas, pour tracer votre sillon, à avoir recours à des pratiques pendables témoignant de votre obsession du pouvoir, de votre absence de morale et de votre opportunisme devenu proverbial, fort éloignées de l’image que vous aimez cultiver, à savoir celle de l’élu du terroir, débonnaire, spontané, en rupture avec les pratiques des élites parisiennes « déconnectées » et davantage soucieux de l’intérêt général que des jeux d’appareils et des logiques carriéristes.

Cher François Bayrou, vous n’êtes en vérité rien de tout cela et incarnez au contraire à merveille, si l’on puit dire, le type de personnage méprisable que les institutions de la Ve République peuvent produire, prêt à toutes les bassesses pour sauver ses privilèges et ceux de ses amis, quitte à gifler, symboliquement cette fois, des victimes de violences physiques et sexuelles, quitte à faire culpabiliser les malades tandis que les ultrariches se goinfrent et quitte à vouloir imposer sans aucune légitimité démocratique des décisions qui auront des effets délétères sur la vie de millions de gens. Comble de l’indécence, vous avez semblé prendre un malin plaisir à vous poser en Père Fouettard lors de vos annonces du 15 juillet, visiblement particulièrement satisfait, heureux et fier de votre discours et de vos propositions antisociales, comme s’il s’agissait du paroxysme de votre carrière politique : voilà qui en dit long sur cette dernière et qui ne peut que renforcer notre souhait qu’elle se termine au plus vite.

Cordialement,

Jules Blaster

(1) Ajoutons ici que, comme le rappelle l’organe de la très peu trotskyste CFDT Syndicalisme hebdo, « ce taux se révèle d’autant plus alarmant qu’il ne tient pas compte des personnes pauvres vivant en communauté (Ehpad, casernes, gendarmeries, foyers de travailleurs, cités universitaires, établissements pénitentiaires, communautés religieuses, etc.), des personnes sans abri, des ménages d’étudiants et de la population vivant en outre-mer ».

(2) Notons que parmi les « rénovateurs » dont vous fîtes partie se trouvaient également, entre autres, François Fillon et Philippe de Villiers, roulez jeunesse, ainsi que votre prédécesseur Michel Barnier auquel vous avez ravi récemment le titre de Premier ministre le plus âgé de la Ve République.

(3) Une affaire dans laquelle vous avez jusqu’ici, puisqu’un appel est en cours, été relaxé, à titre individuel, au bénéfice du doute, le président du tribunal expliquant « [qu’]il est très probable qu’Alexandre Nardella, Michel Mercier et Jean-Jacques Jégou, qui ont commis des actes de complicité de détournements de fonds publics au seul profit du parti, ont agi avec l’autorisation de François Bayrou et à tout le moins en l’informant de leurs agissements mais [qu’]il n’est pas rapporté la preuve de cette autorisation ou de cette information ».

Cher François Bayrou - Boxing Day #42

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