Le mythe du beauf ou comment sortir du mépris de classe

Le mot beauf qui à l'origine désignait le beau frère est entré dans le langage courant pour désigner la caricature d’un français moyen, réactionnaire, un peu bête, borné, macho, vulgaire… On pense alors au fameux tonton raciste ou à Kevin qui a un mulet, de grosses lunettes de soleil et fait du tuning…. Mais cela va encore plus loin, puisque petit à petit, le beauf devient l’autre, celui auquel on ne veut pas ressembler, celui qui n’a pas les bons goûts, la bonne culture, les bonnes opinions. Les beaufs n’existent que dans le regard de la société. Dans son livre Ascendant Beauf, Rose Lamy démontre que la figure du beauf est surtout un outil de domination et de fabrique du mépris social. En se moquant des beaufs, on se moque aussi des classes populaires, on se désensibilise de leur sort. En revenant sur son histoire personnelle, l’autrice raconte tout ce qui se cache derrière l’image du beauf : une existence déterminée par la classe sociale, les morts prématurées, les emplois aliénants, les déserts médicaux. L’humiliation permanente…

Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret / Margaux Simon