Voilà l’ancien-Premier ministre Jean Castex installé dans son nouveau fauteuil de PDG de la SNCF. Avec déjà un sujet polémique sur les bras : la vente d’une grosse dizaine de locomotives par la compagnie qu’il dirige désormais. Ces machines sont proposées (à partir de 500 000 euros) sur le site d’enchères publique Agora, où les collectivités et l’État se débarrassent des vieilleries encombrantes.

Ces locomotives vertes ont été fabriquées par Alstom. Modèle BB27000. Les spécialistes apprécieront. Attention : ces offres sont réservées « aux pros » - une quarantaine d’opérateurs du fret, dont Transdev est le plus conquérant. Pour ces machines pour les plus anciennes mises en circulation en 2002, l’heure de partir à la casse n’est pas venue. Elles en sont à la moitié de leur vie.

Depuis l’ouverture à la concurrence, la SNCF a réorganisé son activité fret au sein de deux entités (Hexafret pour le transport, Technis pour la maintenance), conformément au « plan de discontinuité » (sic) imaginé par l’ex-ministre Clément Beaune en 2023. Et elle a perdu des plumes sur ce segment : le rail pèse aujourd’hui un peu moins de 10% du fret en France, marché que la SNCF partage désormais avec ses concurrents, contre 15% de parts de marché quand elle était seul opérateur face à la route. La vente de ses 13 locomotives ne pourra que conforter un peu plus la tendance. « On est déjà à l’os sur les machines, commente Mikaël Meusnier de la CGT cheminots, et elles vont clairement nous manquer. »

Ironie de l’histoire, parmi les locomotives mises en vente sur Agora store, 3 autres sont proposées par Akiem. Une ex-filiale de la... SNCF à qui la compagnie nationale avait cédé une partie de ses machines.

Contacté par mail ce weekend pour commenter cette braderie, Jean Castex n’a pas répondu à Blast. Le patron de la SNCF est concerné à double titre puisque c’est lui qui a validé la nouvelle stratégie du fret ferroviaire quand il était à Matignon. Auditionné par le Parlement en octobre pour valider sa nomination, le transfuge de la RATP s’est gargarisé d’être celui qui a rouvert l’historique train des primeurs, qui relie Perpignan à Rungis. Et avoir bataillé pour que la Commission européenne n’engage pas de contentieux sur les aides publiques. Des mots doux dans la voix rocailleuse de l’ancien secrétaire général adjoint à l’Élysée de Sarkozy puisque le plan Beaune a été conçu au final pour répondre aux injonctions de l’Europe. Qui n’a, on peut aussi le rappeler, jamais validé le plan français. Mais bon, soyons charitable sur le silence de Castex : c’était le premier week-end de sa nouvelle vie (du rail). Et, assurément, le job s’annonce dur.

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