L'effort de réarmement de la France va-t-il aller dans les poches des actionnaires... au détriment de la production et des producteurs ? Les salariés vont-ils devoir se serrer la ceinture pour permettre aux investisseurs boursiers ́de toucher de juteux dividendes ?

Ces questions provocantes sont posées à la direction de Thales par les syndicats du site de Mérignac (Gironde). En grève depuis le 19 mars pour obtenir une revalorisation des salaires, un mouvement qui a entraîné l'arrêt de la production du radar RBE 2 (qui équipe les Rafale), les salariés demandent à être entendus ce mercredi par la commission de la défense de l'Assemblée nationale. N'ayant pas reçu de réponse à cette demande d'audition, l'intersyndicale, représentée par la CGC, la CFDT et la CGT, doit être reçue par les députés écologistes Cyrielle Châtelain et Damien Girard et Insoumis Aurélie Saintoul et Arnaud St Martin. Et la CGT appelait à manifester ce matin à 10h devant l'Assemblée.

Le groupe Thales enregistre des bénéfices records. Depuis le début de l’année, le cours de l'action a doublé et les dividendes ont atteint le milliard d'euros (+ 9 % par rapport à l'année précédente) mais la direction n'a proposé qu'une augmentation salariale moyenne de 2 %, qui rattrape à peine l'inflation.

« L'effort de guerre de Macron profite aux actionnaires au détriment des investissements et des salariés, dénonce auprès de Blast Rémy Crouzat, délégué CFDT. On nous demande de faire 5 avions par mois, nous parvenons à en faire 2 ou 3 seulement. On fait revenir travailler des retraités tellement l'effort de formation a été insuffisants. »

« Le mécontentement est tel que la mobilisation rassemble ouvriers, techniciens et ingénieurs, ce qui est sans précédent », selon le syndicaliste. Pendant ce temps, une dizaine de hauts cadres ont bénéficié d'actions gratuites revendables au début de l'année, ce qui a permis à certains d’entre eux d'empêcher près d'un million d'euros. C'est dire si le ruissellement macroniste est bloqué très en amont.

Thales : l'effort de guerre dans les poches des actionnaires ?

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