L’imagination contre le pouvoir, de Fellini à Mandico

Nous sommes en 1913. Carl Gustav Jung rompt avec l'enseignement de Sigmund Freud. Peu de temps avant, le père de la psychanalyse s'inquiétait de l'intérêt de son disciple bien-aimé, âgé de 38 ans, pour les phénomènes occultes. Cette rupture entraîne chez Jung une crise qui va durer trois ans. Pendant ce temps, il converse intérieurement avec un être invisible à la tonalité un peu gnostique, qu'il appelle Philémon. La crise que vit Carl Gustav Jung atteint son acmé en été 1916. Une nuit, ses filles sont réveillées par l'impression que des fantômes traversent la maison. Le lendemain, à 5 heures, c'est la sonnette de la porte d'entrée qui se met soudain à teinter toute seule. On se croirait dans un film d'horreur. Pour les calmer, Jung s'installe à son bureau et rédige un étrange texte, "Les Sept sermons aux morts". Jung sera ensuite très critiqué pour avoir tenté d'introjecter une spiritualité gnostique dans sa variante personnelle de la psychanalyse, la psychologie des profondeurs. Pas seulement par les disciples de Freud, qui lui reprocheront d'avoir abandonné la théorie sexuelle, ce qui n'est pas totalement vrai. Mais il sera critiqué plus fortement encore par les défenseurs d'une vision traditionnelle de la religion qui reproche à ce fils de pasteur d'avoir délaissé le christianisme traditionnel. Cela, par contre, n'est pas totalement faux. "Le christianisme eut à lutter pendant un certain temps contre le gnosticisme", écrira Jung. Au cinéma, celui qui l'aura le plus influencé dans son aventure spirituelle est sans le moindre doute Federico Fellini. Bienvenue dans la fin du film épisode 11, Huit et demi, de Federico Fellini, l'imagination contre le pouvoir.

Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret