Personne n’y croyait plus et pourtant, après plus de 54 ans de règne, le clan Assad est tombé, le 8 décembre 2024, aux mains des rebelles menés par le controversé groupe islamiste HTC. Depuis maintenant quatre mois, c’est un gouvernement par intérim qui a pour tâche d’ouvrir un nouveau chapitre pour la Syrie. Un pays complexe par nature et à l’unité fragile, relégué depuis maintenant des années à l’arrière-plan par une scène internationale bien inconstante et bien indifférente au bilan tragique de treize années de guerre civile. L’heure est désormais aux grands débats, y compris en France, où le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’a pas attendu 48 heures après la chute de Damas pour annoncer vouloir suspendre les demandes d’asile des réfugiés syriens malgré l’instabilité persistante du pays. Mais au-delà de ce type de discussions, une priorité s’impose bel-et-bien : celle d’un peuple syrien partagé entre la recherche d’un nouveau modèle politique et démocratique et la nécessité en urgence d’une justice de transition maintenant que des décennies de régime répressif et de machine carcérale peuvent enfin être exposées au grand jour. Raphaël Kempf et Romain Ruiz sont avocats pénalistes, spécialisés en défense des libertés publiques en France et à l’international. Ils sont de retour de Damas où ils ont accédé à des zones jusqu’alors quadrillées par l’ancien pouvoir et ont observé une Syrie année zéro, dont la parole se libère enfin pour peut-être espérer une reconstruction. Alors quelle justice d’après eux pour les Syriens ? Quelle est leur réalité au sein d’un pays où tout reste à faire dans un contexte encore plus qu’incertain ? Réponse tout de suite dans ce nouvel entretien, sur Blast.
Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret