
Le pouvoir compte sur notre découragement. Les manifs se dispersent et les grèves s'essoufflent. Le ciment de nos républiques, ce n'est pas l'adhésion, c'est la résignation. Les affaires d'un pays sont rendues trop complexes pour être intelligibles à tous ses citoyens. C'est ainsi qu'on les dirige. On voit bien, en France, particulièrement depuis la dissolution d'il y a un an, l'ampleur du mépris de ceux d'en haut. Le président se sert des JO et de leur trêve pour faire oublier sa défaite. Tout continue comme si de rien n'était. Personne ne bougera de toute façon. Le capitaine du Titanic sait bien qu'il va rencontrer un iceberg, mais il hausse les épaules, maintient son cap et sa vitesse. Quand un appel à tout bloquer se profile, les autorités bouclent les rues avec des troupes surarmées. Des émeutes sont annoncées à la télé avant même qu'elles éclatent. Dans ces moments-là, les rois masquent difficilement leur peur. Ils se retrouvent nus et leur emprise devient terreur. Les vraies questions auxquelles ils n'ont jamais répondu se font jour. Les corrompus, les fascistes, les écocides, apparaissent alors pour les nuisibles qu'ils sont. Les soulèvements sont alors toujours révélateurs. Il ne s'agit pas de grand soir, mais d'une lucidité collective qui se trouve au delà de la colère. Quand il n'y a plus d'autre choix que de réagir. Je veux regarder avec vous trois docs qui disent ce qui se passe quand les peuples ne se laissent plus endormir, quand la réalité est devenue trop terrible et trop absurde.
Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret / Margaux Simon