Loin de l’agitation des débats à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances, le Sénat a été le théâtre, ces derniers jours, d’une discrète guerre d’influence entre relais diplomatiques de la Chine et de Taïwan. Les frères ennemis du continent asiatique ont mobilisé leurs soutiens au Palais du Luxembourg en invitant, chacun de leur côté, fin octobre, des parlementaires à venir rencontrer des dignitaires locaux.

Une délégation essentiellement composée de sénateurs est ainsi en voyage à Pékin du 28 octobre jusqu’au 5 novembre. Le séjour a été organisé et financé par un grand ami du régime chinois, à savoir l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, via sa fondation Prospective et innovation. Parmi les invités figurent le sénateur socialiste de l’Essonne, David Ros, qui a récemment pris la tête du groupe d’amitié France-Chine. Celui-ci avait déjà reçu le 18 octobre une délégation d’élus chinois en France. Il est accompagné, sans son périple, de Catherine Dumas, vice-présidente LR de la commission des affaires étrangères du Sénat. L’élue parisienne est une habituée des déplacements planifiés par la fondation de Jean-Pierre Raffarin, comme ce fut le cas à Shangaï en 2024 et à Suzhou l’année précédente.

Au sein du camp d’en face, une délégation s’est envolée pour Taipei, du 26 au 30 octobre, en vue de participer au sommet regroupant les groupes interparlementaires européens proches de Taïwan. Le sénateur centriste Ludovic Haye ainsi que le député macroniste Éric Bothorel étaient du voyage. Les parlementaires français s’étaient déjà comptés le 10 octobre au Bureau de représentation de Taipei à Paris, à l’occasion de la célébration de la fête nationale. Hasard du calendrier, à quelques mètres de là, dans le 7e arrondissement, Sébastien Lecornu était reconduit pour former un second gouvernement.

Bataille diplomatique au Sénat entre relais de la Chine et de Taïwan

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