Sous forme de bloc-notes, chronique au fil des jours d'un monde en débâcle. À retrouver tous les mois.
Parce qu’elle a eu l’outrecuidance de rappeler - à raison - qu’une résolution de l’Organisation des Nations unies de 1973 reconnaît « la légitimité de la lutte des peuples pour leur indépendance, leur intégrité territoriale et leur unité nationale et pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l'occupation étrangère par tous les moyens à leur disposition, y compris la lutte armée », les droites françaises lancent une nouvelle campagne concertée contre l’eurodéputée insoumise d’origine palestinienne Rima Hassan.
Les bayrouistes, les macronistes, le Rassemblement national et Les Républicains (LR) réclament en chœur qu’elle soit déchue de la nationalité française - et Bruno Retailleau, ministre LR de l’Intérieur, se fait gloriole d’avoir « signalé à la procureure de la République de Paris » des propos qui se résument de fait à un simple rappel du droit international, mais qui relèvent selon lui « de l’apologie du terrorisme ».
Enivré, peut-être, par tant de méchanceté, l’illustrateur Jean Plantureux, dit Plantu, ajoute sa petite dégueulasserie personnelle à ce nouveau déchaînement de haine, en postant, sur le réseau social du milliardaire d’extrême droite étasunien Elon Musk, un dessin représentant Rima Hassan - qu’il appelle délicatement « Rimarien » - en train de piétiner le drapeau français : bel hommage aux caricaturistes de la presse d’extrême droite des années 1930.
Un mois et demi après avoir fait le 20 janvier dernier deux saluts nazis d’affilée pour fêter l’investiture de Donald Trump, Elon Musk déclare : « Je ne suis pas nazi. »
La justice française requiert un procès pour meurtre contre le policier qui a, le 27 juin 2023, tué Nahel Merzouk, 17 ans, d’un tir à bout portant lors d’un contrôle routier.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, poste immédiatement, sur le réseau social d’Elon Musk, un message pour « dire (s)on soutien indéfectible aux policiers et gendarmes qui exercent leur métier dans les conditions particulièrement difficiles » - sans un mot pour la victime.
Le préfet de police de Paris interdit, à la demande de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, une marche féministe nocturne à laquelle doivent participer le 7 mars plusieurs collectifs propalestiniens - au prétexte, notamment, qu’« il existe un risque sérieux que le message que les militants » de ces collectifs « entendent véhiculer conduise à heurter la communauté juive ainsi qu’à provoquer des débordements lors du rassemblement déclaré », et qu’ « il existe un risque important que des propos appelant à la haine et à la discrimination soient prononcés ».
Deux jours plus tard, le 7 mars, la justice administrative annulera sèchement l’interdiction de cette manifestation, car « les risques de troubles à l’ordre public invoqués » par le préfet de police de Paris et le ministre de l’Intérieur « ne sont pas suffisamment justifiés ».
En clair : ils ont inventé une menace fantôme pour attaquer la liberté de manifester.
Sur le réseau social d’Elon Musk, un député d’un parti cofondé par un ex-Waffen SS et un ancien milicien reproche à Bruno Retailleau de ne pas avoir interdit cette manifestation qui était selon lui « antisémite » - ce qu’elle n’était bien sûr pas.
Le ministre de l’Intérieur, agacé peut-être qu’on puisse le soupçonner d’être moins à droite que l’extrême droite, lui répond qu’ « à sa demande, le préfet de police avait bel et bien interdit cette manifestation », mais que « le Tribunal administratif », lesté pour l’occasion d’une majuscule de majesté, « en a » hélas « décidé autrement ».
La réaction, décidément, n’aime vraiment pas cet État de droit dont le même Retailleau avait proclamé, immédiatement après sa nomination au ministère de l’Intérieur, qu’il n’était « ni intangible, ni sacré ».
Un gang nationaliste dit son intention de participer à la grande manifestation célébrant à Paris, comme tous les ans à pareille date, la Journée internationale des droits des femmes.
Comme les organisatrices du défilé signifient aux membres de ce groupuscule raciste qu’ils sont indésirables, Bruno Retailleau poste, sur le réseau social d’Elon Musk, un message décrétant qu’elles « font preuve du pire des sectarismes ».
Pour cet éminent ministre, il convient donc d’interdire une marche féministe au prétexte qu’elle risquerait de troubler l’ordre public, mais de tolérer un rassemblement de l’extrême droite dont tout indique qu’il risque de troubler l’ordre public : cela résume le personnage, et ledit gouvernement.
Après avoir tenté d’interdire une marche féministe nocturne sous de faux prétextes, puis défendu la présence de provocateurs d’extrême droite dans la manifestation célébrant la Journée internationale des droits des femmes, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, poste, sur le réseau social d’Elon Musk, un message expliquant très sérieusement que « l’extrême gauche abîme le droit de manifester et la liberté d’expression ».
Audacieux.
Nicolas Dupont-Aignan se déclare candidat à la prochaine élection présidentielle.
C’est bon, de rire, parfois.
Invité sur l’un des nombreux plateaux de télévision où il dispose d’un rond de serviette, l’éditocrate Bernard-Henri Lévy (BHL) fustige la Russie, trois ans après le déclenchement de la sale guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine : « on ne peut pas impunément envahir un pays voisin, projeter d’annihiler un peuple, décider de le rayer de la carte », assène-t-il.
C’est si beau et si vrai, qu’on en oublierait presque - presque - que le même BHL juge qu’Israël, qui a depuis un an et demi envahi et rasé Gaza en massacrant plusieurs dizaines de milliers de ses habitants (dont une majorité de femmes et d’enfants), « mène » là « une guerre terrible mais juste ».
La presse relève que « l’Élysée prend soudain peur devant la presse Bolloré », qui, vautrée dans ses tropismes trumpistes, l’accuse d’ « exagérer la menace russe » pour effrayer les Français.
Emmanuel Macron a pourtant été jusque-là d’une extrême et constante bienveillance avec les médias du milliardaire réactionnaire Vincent Bolloré, et en particulier avec son hebdomadaire dominical, Le Journal du dimanche, où, comme le relève Le Monde, « députés macronistes et ministres défilent sans discontinuer » - sans se laisser jamais rebuter par ses obsessions nationalistes.
En somme, tant que cette presse se contentait de s’en prendre obsessionnellement aux migrants, aux musulmans et au « wokisme », cela convenait parfaitement au chef de l’État français : ce n’est que lorsqu’elle l’attaque personnellement, qu’il trouve soudain quelques défauts dans ces qualités.
Pour appeler à manifester, le 22 mars, « contre l’extrême droite, ses relais et ses idées », La France insoumise (LFI) a confectionné une affiche en noir et blanc montrant l’animateur Cyril Hanouna sous des traits haineux et grimaçant.
C’était, comme l’a très vite reconnu l’eurodéputée insoumise Manon Aubry, et pour le dire gentiment, très maladroit - et très regrettable.
Car, de fait, et quelle qu’ait été l’intention de ses concepteurs : cette iconographie rappelait certaines des pires caricatures antisémites des siècle passés.
Immédiatement : les droites françaises et leurs journalistes d’accompagnement - qui répètent depuis des années le hideux mensonge selon lequel la gauche serait « antisémite » - s’emparent de cette image pour intenter un nouveau procès en racisme contre les insoumis.
L’illustrateur Plantu, profite - évidemment - de l’aubaine pour décréter, sur le réseau social d’Elon Musk, que la manifestation antiraciste du 22 mars sera une « manifestation antisémite ».
L’hebdomadaire Le Point, qui sait comme nous le verrons se montrer beaucoup plus conciliant avec certaines des pires figures de l’histoire de l’antisémitisme, publie quant à lui une chronique consacrée au « scandale de l’affiche Hanouna » dont l’auteur (se) pose cette grave question : « En publiant sur ses réseaux sociaux une image caricaturale, antisémite, de l’animateur, les mélenchonistes ont-ils commis le faux pas de trop ? »
Or : il est arrivé que ces mêmes procureurs se montrent - beaucoup - moins regardants.
En 2016, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo avait ainsi publié, en couverture de son numéro du 9 février, une caricature de Cyril Hanouna représenté sous la forme d’un moustique aspirant avec une paille la cervelle d’un jeune téléspectateur.
Un tel dessin aurait pu soulever quelques indignations, car, comme l’écrivait en 2001 l’historienne Marie-Anne Matard-Bonucci dans un article consacré au « rôle » joué par les caricatures « dans l’affirmation et la diffusion de l’antisémitisme au 19e et au 20e siècle », le dessin antisémite « associa » alors « les Juifs » à de nombreuses « espèces animales ».
Elle précisait : « Représenter les Juifs sous forme de rapaces, de serpents, d’araignées, d’insectes, de rats, d’hydre ou de pieuvre était une façon simple et directe de les dénoncer comme des prédateurs, des parasites, des êtres nuisibles et proliférants. »
Par conséquent : la couverture de Charlie Hebdo renvoyait elle aussi, très directement, à certaines des pires caricatures antisémites des siècles passés.
Et le même hebdomadaire a ensuite publié plusieurs autres dessins représentant Hanouna sous des traits tout aussi haineux et grimaçants que ceux que lui prêtait l’affiche confectionnée par La France insoumise - et qui le portraituraient notamment en « gagneuse de Bolloré » obsédée par l’argent.
Ce qui renvoyait, encore une fois, à des tropes antisémites.
Mais jamais - au grand jamais - le commentariat autorisé ne s’est scandalisé de ces caricatures, et jamais il n’a supposé que Charlie Hebdo était un hebdomadaire antisémite : Le Point, loin de s’offusquer de la couverture représentant Hanouna en moustique, l’avait au contraire partagée avec ses lecteurs dans une vidéo diffusée le 9 février 2016.
Hanouna lui-même, réagissant à cette caricature, s’était d’ailleurs montré fort accommodant : « Ce que j'en pense c'est qu'il faut rigoler, il faut se marrer. Je suis Charlie, nous sommes Charlie, on sera toujours Charlie et on sera toujours là pour soutenir Charlie Hebdo.»
En somme : le commentariat dominant use d’un double standard, dans son appréhension de représentations très problématiques de l’animateur - selon qu'elles émanent de La France insoumise, ou de Charlie Hebdo.
Dans un cas : elles relèvent forcément de l’antisémitisme.
Dans l’autre : c’est du divertissement.
Moralité : La France insoumise, reconnaissant que son affiche était malvenue, l’a remplacée par une autre image.
Mais l’éditorial du Point soutenant, le 21 février 2018 - et au prix de l’oubli que l’idéologue principal de cette organisation d’extrême droite était un antisémite fanatique - que «l'Action française ne fut pas globalement rongée par l'antisémitisme» est, lui, toujours disponible sur le site de ce si sélectif magazine.
François Bayrou, après avoir confessé que l’astronomie le passionnait, fait cette divertissante déclaration : « Il y a 2 000 milliards de galaxies dans le système solaire. »
Dans le monde réel, ce système, plus modeste que ne le croit ce distingué savant, compte en tout et pour tout huit planètes.
François Bayrou est Premier ministre - après avoir été naguère ministre de l’Éducation.
Invité sur CNews (groupe Bolloré), le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui glosait dans son dernier livre sur « les difficultés touchant à la présence de dizaines de milliers de Juifs en France » à l’époque napoléonienne, déclare qu’il « espère » que les manifestations antiracistes qui doivent avoir lieu partout en France le 22 mars seront « interdites » : cela commence presque à ressembler à l’esquisse d’une philosophie.
Mediapart révèle que « lorsqu’il présidait le département des Pyrénées-Atlantiques », François Bayrou « a accordé, au bas mot, 1 million de francs de subventions à la fin des années 1990 » à l’établissement catholique privé Notre-Dame-de-Bétharram, qui « faisait pourtant déjà face à des affaires de violences, dont l’élu était parfaitement informé ».
Au jour où ces lignes sont écrites : François Bayrou est toujours Premier ministre.
Le gouvernement israélien invite Jordan Bardella, président du Rassemblement national, qui a été cofondé en 1972 par un ex-Waffen SS et un ancien milicien, à participer à une conférence internationale consacrée à la lutte contre l’antisémitisme qui se tiendra les 26 et 27 mars à Jérusalem.
Relire cette phrase lentement, en réfléchissant à chaque mot.
Neuf jours après avoir ressenti le besoin de déclarer qu’il n’était « pas nazi », Elon Musk, à qui Donald Trump a confié la mission de détruire la fonction publique américaine, reposte sur son réseau social un message d’une extrémiste de droite affirmant qu’ « Hitler n’a pas tué des millions de personnes », mais que c’est « la fonction publique » allemande qui est responsable des immenses crimes perpétrés par le Troisième Reich.
On attend avec une certaine impatience la déclaration de Musk soutenant qu’il n’est pas négationniste.
Dans l’affaire des assistants parlementaires du Rassemblement national, Marine Le Pen risque, pour avoir détourné des fonds publics européens, une peine de cinq ans de prison dont deux fermes et cinq ans d’inéligibilité. Elle déclare, sur Europe 1 (groupe Bolloré) : « Si je suis interdite de me présenter avec exécution provisoire, ce serait incontestablement une décision profondément antidémocratique, puisqu'elle priverait le peuple français de potentiellement choisir sa future présidente de la République. »
Pour l’extrême droite, qui aime se présenter comme le parti de l’ordre, la loi doit être la même pour tous - sauf pour l’extrême droite.
Après avoir « signalé » à la procureure de la République de Paris des propos de l’eurodéputée Rima Hassan qui n’avaient pas l’heur de lui plaire, puis tenté d’interdire une marche féministe en invoquant un très imaginaire risque de trouble à l’ordre public : Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, poste, sur le réseau social d’Elon Musk, un message décrétant que : « Le wokisme porte en lui une tentation totalitaire qui commence avec une irrésistible envie de censurer. »
De l’audace.
Encore de l’audace.
Toujours de l’audace.
Le 20 janvier dernier, pour fêter l’investiture de Donald Trump, Elon Musk, propriétaire de l’entreprise de construction automobile Tesla, s’est livré, on l’a dit, à une démonstration un peu exubérante : il a fait deux saluts nazis. D’affilée.
C’est-à-dire : deux saluts antisémites. D’affilée.
Deux mois plus tard, Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël, annonce fièrement qu’il « veut commander des Tesla pour les hauts fonctionnaires israéliens ».
L’intérêt de certains enchaînements est qu’ils se passent de commentaire.
Réagissant aux effroyables révélations relatives aux sévices endurés par les élèves de l’institution catholique privée Notre-Dame-de-Bétarrham, dont François Bayrou continue très tranquillement d’affirmer qu’il n’en avait pas connaissance en dépit du fait qu’il en avait été informé, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, annonce qu’elle « rehausse le niveau de contrôle des établissements privés sous contrat ».
Suggestion : rehausser aussi le niveau de contrôle de François Bayrou.
Le Figaro, journal réactionnaire du groupe Dassault où la défense des intérêts de l’enseignement privé catholique semble être inversement proportionnelle au dénigrement systématisé de l’enseignement privé musulman, l’annonce avec beaucoup de componction : dans la même « affaire Bétarrham », François Bayrou « ira devant la commission d’enquête parlementaire » qui se penche sur ce scandale « s’il est convoqué ».
Dans le monde réel, et contrairement à ce que suggère donc Le Figaro en présentant sa déclaration comme une faveur faite au Parlement, le Premier ministre, dont la fonction n’entraîne, à la différence de celle du chef de l’État, aucune espèce d’immunité, n’a guère d’autre choix que de se rendre à une éventuelle convocation de cette commission d’enquête - mais il est vrai qu’un titre annonçant platement que « François Bayrou se plie à ses obligations légales » aurait eu beaucoup moins de lustre.
Pour protester contre la mauvaiseté de Donald Trump, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann lance cette impressionnante sommation aux Américains : « Rendez-nous la statue de la Liberté ! »
Entre ici, Jean Moulinet.
Pierre Alessandri, agriculteur de 55 ans, secrétaire général de Via Campagnola - un syndicat agricole membre de la Confédération paysanne - et inlassable pourfendeur des dérives de l’agriculture corse, est assassiné sur sa ferme, en Corse-du-Sud, de deux balles dans le dos.
Bruno Retailleau, qui ne reste jamais plus de quelques heures sans vitupérer contre la criminalité lorsque ces vociférations lui permettent par exemple d’incriminer l’immigration, se tient, cette fois, tout à fait coi.
Cédant, après s’être un peu contenu pendant huit semaines, à son irrésistible envie de poursuivre une campagne génocidaire qui a déjà fait 50 000 morts - dont une immense majorité de civils -, et fort du soutien de ses complices « occidentaux », Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, rompt la trêve conclue avec le Hamas, pour faire assassiner plus de 400 Palestiniens de Gaza en moins de vingt-quatre heures.
Il y a deux mois déjà qu’Elon Musk a fait deux saluts nazis pour célébrer l’investiture de Donald Trump, et plusieurs semaines se sont écoulés depuis que des miliciens cagoulés ont poignardé à Paris, le 16 février dernier, un syndicaliste antifasciste - avant de fuir en criant : « Paris est nazi ! »
Le Figaro en tire la seule conclusion possible, et publie donc une tribune proclamant que « l’antisémitisme n’est plus à l’extrême droite » - mais à gauche.
Rappel : Le Figaro, qui appartient depuis le début des années 2000 au groupe Dassault, avait auparavant été racheté, en 1975, par l’ex-fondateur, trente-cinq ans plus tôt, d’un groupuscule pronazi dont les membres attaquaient des commerces juifs à Paris, et qui avait été condamné en 1947 à 10 ans d’indignité nationale pour collaboration avec l’Allemagne hitlérienne - avant de bénéficier d’une amnistie générale en 1952.
Après qu’Israël a rompu la trêve conclue avec le Hamas et que son armée a (de nouveau) massacré plusieurs centaines de Palestiniens, dont (encore) une majorité de civils, Hadja Lahbib, commissaire européenne à l’aide humanitaire, déclare : « La nouvelle escalade à Gaza est dévastatrice. Les civils sont confrontés à des souffrances inimaginables. Cela doit cesser. Il est impératif de revenir à un cessez-le-feu immédiatement. »
Il ne s’agit pourtant pas d’une «escalade» imputable aux deux parties, comme le suggère cette déclaration fallacieuse - où l’agresseur n’est jamais désigné.
Il s’agit d’une violation du cessez-le-feu par le gouvernement d’extrême droite israélien, dont ce refus de nommer ses exactions pour ce qu’elles sont renforce évidemment l’impunité.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, dégorge qu’il « craint La France insoumise plus que le Rassemblement national » - parti cofondé notamment par un ancien Waffen SS et un ex-milicien.
On se répète plusieurs fois que comparaison n’est pas toujours raison - sans arriver à oublier que dans les années 1930, la droite préférait Hitler au Front populaire.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Le même Bruno Retailleau, qui semble donc se prévaloir ici d’une certaine expertise en matière de racisme et de racolage électoral, déclame : « Vous savez que les insoumis jouent dangereusement avec l’antisémitisme, puisque sous prétexte d’antisionisme ils draguent le vote musulman. »
Pour ce ministre en charge notamment de l’organisation des cultes - et dont Éric Ciotti, député rallié au Rassemblement national, a tôt détecté qu’il tenait « les mêmes discours » que l’’extrême droite -, l’électorat « musulman » serait donc particulièrement accessible à l’antisémitisme : un esprit mal tourné pourrait quasiment le soupçonner de « draguer » quant à lui, en proférant de si grossières vilenies, le vote islamophobe.
Le Figaro du groupe Dassault, qui vend aussi des avions de combat, publie un article dont le titre proclame : « Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre » - en complétant notamment son arsenal.
La photo illustrant cette exhortation, qui ressemble d’assez près à une réclame, représente, comme l’indique sa légende, des avions de combat « Dassault Rafale et Dassault Mirage 2000 ».
On n’est jamais si bien servi que par soi-même.
C’est le printemps.
Pendant que partout en France des gangs néonazis multiplient les agressions violentes, l’éditocrate Bernard-Henri Lévy expectore cette nouvelle ignominie : « Je sais que la principale menace qui pèse, aujourd’hui, sur les Juifs d’Europe vient de l’extrême gauche, et, dans mon pays, de La France insoumise. »
Personne ne pourra reprocher à certains forgerons de l’opinion de ne pas avoir contribué activement à la banalisation de l’antisémitisme - au prétexte, singulièrement indécent, de dénoncer cette infection de l’esprit.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Dans Le Figaro du groupe Dassault, Guillaume Tabard, rédacteur en chef, fait la promotion de : « La défense, nouveau placement éthique. »
Il serait juste que ce dévoué salarié perçoive désormais une petite gratification, à chaque fois que Dassault vendra un Rafale ou un Mirage 2000.
Non loin de cet encart publicitaire astucieusement présenté comme une réflexion philosophique, Le Figaro pose également cette courageuse question à son lectorat : « Êtes-vous prêt à investir votre épargne dans un fonds consacré à la défense ? »
C’est, reconnaissons-le, (un peu) moins abrupt que : « Tu veux bien filer ton blé à mon proprio qui vend aussi des flingues ? »
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, a extravagué, dans un livre publié en 2021, sur « les difficultés touchant à la présence de dizaine de milliers de Juifs en France » - ajoutant que « certains d'entre eux pratiquaient l'usure et faisaient naître troubles et réclamations ».
Un an plus tard, en 2022, Gérald Darmanin, toujours ministre de l’Intérieur, a cité, dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale, l’historien antisémite Jacques Bainville.
Aujourd’hui, Gérald Darmanin, devenu ministre de la Justice, dénonce gravement ce qu’il appelle «l’ambiguïté des dirigeants de la France Insoumise à l’égard de l’antisémitisme».
On n’a toujours rien contre un peu d’audace - mais attention, tout de même, à ne pas basculer dans la témérité.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Deux jours après les manifestations contre l’extrême droite qui ont eu lieu partout en France le 22 mars, à l’appel notamment de La France insoumise - que les droites orwelliennes et leur éditocratie d’accompagnement veulent désespérément faire passer pour un parti antisémite (afin, notamment, de mieux s’exonérer de leur propre antisémitisme) -, l’ « humoriste » Sophia Aram, ajoutant sa phonation à ce chœur dégueulasse, demande, sur France Inter, où l’on s’accommode parfaitement de ses misérables sarcasmes : « Peut-on manifester contre l’extrême droite et contre le racisme avec des antisémites ? »
Curieusement : après la marche contre l'antisémitisme du 23 novembre 2024, à laquelle avait participé un parti cofondé par un ancien Waffen SS et un ex-milicien, Sophia Aram ne (se) posait pas (du tout) la question.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Dans Le Monde, François Fressoz, éditorialiste “politique“ dont les chroniques hebdomadaires sont une boussole dont le nord magnétique est la doxa gouvernementale, clame sa joie.
Elle est en liesse, car, juste après que François Bayrou a très clairement signifié qu’il n’entendait pas renégocier la réforme des retraites de 2023 dont il avait promis qu’il la renégocierait : la CFDT et le patronat, qui sont depuis 25 ans les Dupond et Dupont de ces mascarades antisociales, ont accepté, avec un sens aigu des responsabilités, de continuer à faire semblant de renégocier cette réforme dont l’une comme l’autre savent donc parfaitement qu’elle ne sera pas renégociée.
François Fressoz, elle, voit dans cette ahurissante pantalonnade un « signe encourageant », et profite de l’occasion pour vilipender le radicalisme de la CGT - dont l’effronterie bolchevique semble n’avoir plus aucune limite, puisqu’elle a osé quitter la table des renégociations après avoir appris qu’il n’y avait rien à renégocier.
Pour finir, l’éditorialiste du Monde remercie chaleureusement la ministre macroniste du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, qui a déclaré qu’il n’était « pas question de sacrifier notre modèle social mais de l’améliorer » : Françoise Fressoz, qui écrit que « cela valait la peine d’être affirmé », n’a semble-t-il pas compris que ce magnifique échantillon de langue de bois signifiait très clairement que le gouvernement s’apprêtait à sacrifier (encore une fois) notre modèle social, au prétexte de l’améliorer.
Gérald Darmanin récite gravement, sur une chaîne de propagande réactionnaire en continu où il se sent apparemment tout à fait bien : «Certains dirigeants de la France insoumise ont un problème avec l’antisémitisme. »
Parole d’expert, là encore.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Le Figaro du groupe Dassault, qui sait parfois se montrer parfois moins empathique (envers les immigrés, par exemple, ou envers les musulmans, ou envers les immigrés musulmans), compatit fort gentiment au désarroi des « patrons des grandes entreprises françaises », chez qui l’élection de Donald Trump avait « déchaîné l’enthousiasme » (comme dans les rangs du Ku Klux Klan, même si comparaison n’est toujours pas toujours raison), mais qui, après « les annonces et les menaces » économiques « du président américain », sont désormais dans les affres d’une cruelle « désillusion », et doivent même « revoir », les pauvres, « leur stratégie et leur organisation ».
Traduction : le grand capital est tout à fait disposé à collaborer, d’ « enthousiasme », avec le néofascisme - mais à condition, tout de même, d’y gagner quelques dividendes, car ces gens-là ont des principes.
Le Canard enchaîné révèle que le milliardaire réactionnaire Vincent Bolloré, « frappé par un redressement fiscal de 2,4 milliards d’euros à la suite d’une “erreur délibérée“ dans ses comptes » - soit, en langage plus courant, une gigantesque fraude fiscale -, « a été exonéré d’une pénalité de 320 millions d’euros par le ministère du Budget ».
Emmanuel Macron, élu (puis réélu) chef de l’État français sur la promesse qu’il ferait barrage à l’extrême droite, n’aura cessé, du premier au dernier jour de son misérable règne, de la combler de bienfaits.
Invité d’une chaîne de propagande appartenant au groupe Bolloré, Fabien Roussel, patron du Parti communiste français, décrète, pour la plus grande joie de ses hôtes, que « le racisme anti-Blancs, bien sûr que ça existe ».
Raccourcissons : Fabien Roussel va psalmodier un gimmick de la propagande de l’extrême droite sur une chaîne d’extrême droite.
Raccourcissons : Fabien Roussel n’est pas un camarade.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
Mais il trouve le temps de participer, avec un autre membre du gouvernement Bayrou - l’inénarrable Manuel Valls, dont la dérive droitière semble ne devoir jamais finir - à un meeting « pour la République » organisé notamment par le lobby pro-israélien Elnet, et durant lequel un ancien ambassadeur de France en Israël repu de sa propre obscénité vomit, qu’ « il n’y a pas de génocide » à Gaza, « mais une nécessité absolue pour les islamistes et les pro-Palestiniens de dire qu’il y a génocide parce qu’ils en ont besoin pour parachever une identité palestinienne mimétique de celle des Juifs, dit-il. L’identité palestinienne jusqu’à la création d’Israël, c’est une adversité à ceux qui arrivent. »
Puis d’ajouter, devant une assistance que ces immondices ravissent : « Il leur manquait quelque chose pour être à égalité avec les Juifs, il leur manquait un génocide. »
Clou du spectacle : une anthropologue engagée appelle « la communauté juive » et « chrétienne à s’unir contre l’islamisme ». Puis elle annonce le programme : « Il faut s’armer physiquement, s’entraîner à s’armer physiquement. »
Bruno Retailleau et Manuel Valls, ministres, s’abstiennent évidemment de réagir à ce qui ressemble pourtant d’assez près à un appel explicite à la constitution de groupes armés.
Dans l’hebdomadaire Le Point, l’éditocrate Franz-Olivier Giesbert (FOG) hurle sa rage : « La France a mal à sa justice ! »
Car cette dernière est d’après lui, et pour l’essentiel, aux mains de juges rouges « proches de l’ultragauche et de La France insoumise ».
Résultat, explique FOG, : « dans l’affaire du prétendu financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 » où l’ « on attend toujours les preuves » et où « l’accusation “patauge“ », le pauvre Nicolas Sarkozy a été « condamné avant d’être jugé ».
Dans la vraie vie, naturellement : Sarkozy, avant d’être éventuellement condamné, a été longuement jugé par des magistrats méticuleusement triés - afin, précisément, d’éviter toute mise en cause de leur impartialité -, et c’est la défense de l’ancien chef de l’État français qui a échoué misérablement (et pour cause), lorsqu’elle a tenté de discréditer le dossier constitué par l’accusation.
Mais on sait de longue date que la vérité ne compte pas au nombre des passions de FOG - auteur notamment de l’impérissable affirmation selon laquelle l’Action française, organisation radicalement antisémite, « ne fut pas globalement rongée l’antisémitisme ».
Au procès Sarkozy-Kadhafi, le Parquet national financier réclame sept ans de prison et 300 000 euros d’amende contre l’ancien président de la République et son « pacte de corruption faustien ».
Ce n’est pas très gentil pour Franz-Olivier Giesbert.
Bruno Retailleau n’a toujours pas condamné l’assassinat de Pierre Alessandri.
François Bayrou non plus.
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