Sur Internet, nous sommes émotionnellement perdus quelque part entre les années 1950 et 2023 mais nous ne savons pas où. Et pour une bonne raison, qui semble pourtant sans cesse nous échapper. Les réseaux sociaux ne sont pas simplement des outils. Les réseaux sociaux sont des mondes. Ils nous familiarisent à des atmosphères, encouragent des formes d’expression, orientent des types de réflexions, entraînent des visions, infléchissent des traits de nos personnalités et induisent des comportements. Leur fonctionnement est à l’image de la vision du monde de leurs concepteurs. Jawed Karim (YouTube), Jan Koum (WhatsApp), Kevin Systrom (Instagram), Zhang Yiming (TikTok), Jack Dorsey (Twitter), Pavel Dourov (Telegram) peuvent être considérés comme nos éditeurs, nos gouverneurs ou nos patrons. Lire et publier chez eux ne sont pas des activités neutres. Elles ne peuvent pas l’être. Quand nous allons sur Facebook, nous allons dans le monde de Mark Zuckerberg. Nous lisons dans le visage des autres avec les mêmes yeux que lui. Et nous cherchons des amis dans le monde d’un homme qui n’a pas d’amis. Pire : qui n’a peut-être jamais eu l’ambition ou le désir d’en avoir. Bienvenue sur Infernet. Dernier épisode : Mark Zuckerberg, l’homme qui assassina l’amitié.
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Blast, le souffle de l’info