« Et si le pire revenait » le signal d'alarme du traducteur d'Hitler

« Il faut prendre les mots au sérieux » glisse à un moment de ce passionnant entretien Olivier Mannoni. Les mots, c’est la matière principale de ce germanophile qui depuis trente ans décrit et traduit inlassablement la montée du nazisme, son avènement et sa chute. Cet entretien fait suite à la première rencontre en juin 2023, entre le traducteur de « Mein Kampf » et Denis Robert. Nous les avions laissés dans les méandres de la folie collective ayant mené Hitler et de ses lieutenants, Goering, Himmler, Rosenberg, à la victoire. Une guerre des mots, une mise au ban permanente de l’étranger et du bobo, une gauche honnie et inconsciente du mal qui ronge le pays : nous revenons avec les deux hommes au présent, à la guerre au Moyen-Orient, à la France du Macro-Lepénisme, et aux Palestiniens devenus des « animaux humains », selon un ministre de Benjamin Netanyahu. Les deux protagonistes reviennent sur six mois d’actualité en se frottant les yeux. Nous reprenons la conversation où nous l’avions laissée, à ce moment où le retour du religieux semble obscurcir les esprits et le vocabulaire. Et si le cauchemar revenait ? s’inquiète le traducteur d’Hitler. L’arrivée de l’extrême droite en Argentine, au Pays Bas, la loi immigration en France, les propos récents de Trump qui veut éradiquer ceux qui ne pensent pas comme lui : Olivier Mannoni est attentif à tout ce que publient et diffusent les médias. En particulier les radios. Il prépare un livre sur le sujet. Son thème, les mots et comment on les déforme pour arriver à des guerres. Vers la fin, comme seule issue, Mannoni insiste sur la nécessité d’un vrai débat intellectuel qui doit se réinstaller en France. Disons que ce Zoom arrière est une première porte ouverte vers ce débat…

Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret