Racisme, novlangue, État policier : un été sous Macron

« Une insurrection qui éclate, c’est une idée qui passe son examen devant le peuple » disait Victor Hugo. Dans ce dernier édito de la saison 2, Denis Robert a relu LTI de Victor Klemperer et vu Athena de Romain Gavras. Il part de là pour refaire l’histoire des émeutes ayant suivant la mort de Nahel et fait le lien avec la montée de l’extrême droite en France. "Si j’avais à corriger la copie de la semaine d’émeutes suivant la mort de Nahel, je dirais « a fait peur aux bourgeois et au pouvoir bien plus que toutes les manifs de Gilets jaunes et les cortèges non violents d’opposants à la retraite, mais sans appui, sans organisation, ni discours s’est vite retourné contre ses initiateurs et s’est effondré. Si l’insurrection était votre projet, peux mieux faire » dit-il. Athena est une fiction à haute dose de testostérone mais à faible intensité politique s’inspirant de la réalité des banlieues et des émeutes. LTI est un récit introspectif autour d’une fiction auquel les allemands étaient priés de croire : l’existence d’une race pure et supérieure. Les deux traitent du même sujet, le délitement d’une démocratie et la toxicité des discours de haine pouvant mener à une dictature. L’un surfe sur des images de luttes urbaines en plan séquence hypnotisant. L’autre plonge dans la folie collective et l’antisémitisme du troisième Reich. Les deux témoignent d’un monde en vase à peu près clos. A Athena comme dans la maison de Klemperer à Dresde, on passe son temps à chercher l’ouverture. Prof de littérature à la retraite, juif et marié à Eva, une aryenne qui lui permet d’échapper à la déportation, Victor Klemperer a accumulé une abondante matière faite de notes, de réflexions et d’observations qu’il entreprend dés 1934 pour montrer comment les nazis et leur grand Yaka Adolf Hitler ont mis en place une novlangue et des fake news, tendant à faire croire qu’une grande Allemagne blanche et blonde avec un langage, un passé et même un alphabet oublié pré existait et avait été corrompue par des élites cosmopolites. L’arsenic, sa propagation. La peur. Klemperer raconte comment les nazis ont élaboré entre eux des croyances et un langage dans le but d’acquérir le pouvoir et d’en jouir. Dire sans dire. Amener à. Faire du buzz avec tout et n’importe quoi. Conchier la presse juive et la bourgeoisie suceuse du sang du peuple allemand. Das Volk. Le peuple. « On va dire que j’atteins très vite mon point Godwin. Je sais, j’assume… » lance l’éditorialiste. On le suit sans faillir, en nous demandant si le cauchemar pourrait revenir sous Macron… La réponse est oui.

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Blast, le souffle de l’info