Sexisme, alcool, affairisme, drogue & racisme : Les « valeurs » dévoyées du rugby français

Sexisme, alcool, affairisme, drogue & racisme : Les « valeurs » dévoyées du rugby français

Après un été pourri par les affaires de mœurs et de racisme qui s'achèvent sur la noyade d'un espoir en Afrique du Sud, le Top 14 reprend ce week-end. De l'équipe de France aux clubs amateurs, l'ovalie doit faire sa révolution et rompre avec les années d'omerta, d'atavisme et de repli sur elle-même. Alors que les élections fédérales approchent, son avenir dépend de sa capacité à rebondir et s'adapter au monde. Rugby féminin, nouveaux licenciés racisés ou homosexuels, rugby des villages et de la tradition contre rugby des villes et de l’inclusion, le match s'annonce vital et tumultueux. Pour Blast, Olivier Villepreux entre dans la mêlée et tente d'ouvrir le jeu.

« Oui, le rugby était un sport de mâles blancs qui s’est beaucoup féminisé et diversifié récemment. Massy, Sarcelles, Gennevilliers, Bobigny ont accueilli des publics vivant dans des quartiers et y ont trouvé une identité propre, au sein de territoires de football. Certains de ces joueurs sont aujourd’hui en équipe de France. Je ne voudrais pas qu’une personne qui dérape casse ce travail. »

Auteur de Rugby, où sont tes valeurs ? (La Martinière, 2014), l'ex-international Laurent Bénézech connaît la réalité du rugby moderne.
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Florian Grill n’est pas homme à détourner les yeux à la première contrariété. Et le président de la Fédération française de rugby (la FFR) ne cherche pas à cacher le malaise provoqué cet été par les déclarations en roue libre de Melvyn Jaminet, filmées après un premier test-match en juillet en Argentine. Le cas de l’arrière de Toulon n’est pas isolé. D’autres épisodes sordides font écho à cette affaire.

Dans « le média guide » de la tournée en Argentine, Jaminet, Auradou et Jegou. Trois joueurs du XV de France, trois hommes qui ont beaucoup fait parler d’eux. Et pas pour les raisons espérées.
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Relents et lourdeurs

« Je vais te brûler, mangeur de bananes ! » Il y a deux ans, Ludovic Radosavijevic avait écopé de 26 semaines de suspension. Une mesure décrétée par la Ligue après que le demi de mêlée d’Aix-en-Provence (Pro D2) ait asséné à un joueur de Nevers, Christian Ambadiang, cette forte pensée. En novembre 2023, Bastien Chalureau a lui été condamné à 8 mois de prison avec sursis. L’international de Montpellier a défrayé la chronique pour avoir agressé en janvier 2020 deux autres joueurs, dans un parking toulousain. Dans sa décision en première instance, le tribunal correctionnel de Toulouse invoquait comme circonstance aggravante le fait que ces violences avaient été commises « en raison de la race ou de l’ethnie » d’une des victimes.

En janvier 2024, ce motif a finalement été écarté en appel et la peine réduite à 6 mois (avec sursis) même si les plaignants, qui affirment avoir été traités de « bougnoules », ont maintenu leur déposition. Cette sale affaire n’avait pas dissuadé le sélectionneur Fabien Galthié de retenir le Montpellierain pour la Coupe du monde 2023 organisée sur le sol français – un message pas des plus glorieux adressé au monde par le pays organisateur. Tous deux passés dans ses rangs, Chalureau comme Jaminet avaient dû quitter le Stade toulousain, le plus grand club français. Faute d’avoir, selon un témoin, été pleinement acceptés par l’ensemble du groupe professionnel, rétif à une forme de « lourdeur » pour le premier et à un penchant pour la boisson pour le second.

Bastien Chalureau a joué un match pendant la Coupe du monde en France, à Lille contre l’Uruguay le 14 septembre 2023. La dernière de ses apparitions en équipe de France.
Images Rugby Word Cup France 2023

« Le premier Arabe que je croise, je lui mets un coup de casque ». Ces paroles dispensables, Jaminet les a proclamées - entre autres – en se filmant lors de la tournée d’été en Argentine. Cet élan raciste s’est accompagné d’une troisième mi-temps titubante qui a précipité dans la nuit deux autres joueurs du XV de France dans une affaire sordide. Le lendemain, le 8 juillet, Oscar Jegou et Hugo Auradou avaient été arrêtés après une plainte pour agression physique et sexuelle. La femme qui les accuse avait accompagné l’un d’eux dans leur chambre d’hôtel, où les faits auraient été commis. Ces dernières semaines, les deux internationaux, qui avaient pu s’éloigner de Mendoza, se trouvaient à Buenos Aires avec interdiction de quitter le pays jusqu’au procès.

Encadrement, équipe de France, décès, affaires judiciaires... L'ancien pilier du XV de France ne mâche pas ses mots et pointe un déni général.
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Lendemains de cuite

« Sur le cas Jaminet, on n’a pas hésité, souligne le président de la FFR. Nous avons immédiatement saisi la commission de discipline, le joueur a été immédiatement exclu de l’équipe de France et nous avons saisi le procureur de la République en nous appuyant sur l’article 40 du code de procédure pénale. Je rappelle que nous avons une délégation de service public. » Une enquête est en cours dans ce dossier. En attendant, l’arrière a été suspendu 34 semaines par la FFR, sanction assortie de 30 000 euros d’amende.

Melvyn, je te le dis

Dans la foulée de sa vidéo, effacée après avoir été publiée sur les réseaux sociaux, Mohammed Dridi avait rétorqué publiquement en s’adressant à son partenaire de club : « Alors Melvyn, je te le dis : “l’Arabe” que je suis a porté le maillot de Toulon avant toi, avec amour, respect et honneur. Aujourd’hui tu as déshonoré ce maillot et son histoire, ainsi que la ville de Toulon, quand on sait ce que Falco (l’ancien maire de droite de la préfecture du Var, démis par la justice, ndlr) a fait depuis 20 ans pour bâtir l’unité et rassembler les Toulonnais, qui sont si divers. J’espère que le club du RCT te sanctionnera pour ces propos. » Tout en condamnant ses propos, la direction du RC Toulon n’a pas pris de décision et compte toujours l’arrière dans son effectif, à l’orée de la saison 2024/2025.

Lancé dans une « bataille morale » (pour sa « rédemption »), le toulonnais Jaminet a présenté devant les instances fédérales pas moins de 26 attestations, censées démontrer le caractère « impulsif et involontaire » de sa détestable saillie. Il a reçu le soutien de son club, le RC Toulon.
Image RCT

« Dans le jeu de rugby, il faut savoir accepter les sanctions », considère Florian Grill. Las, Jaminet, après avoir présenté des excuses de circonstance, a fait appel de la décision de la FFR. Grill a depuis pris clairement position pour refuser la possibilité d’un retour en équipe de France. De son côté, l’avocat du joueur plaide « la connerie ».

Les conneries ont bon dos

Pourtant, au-delà de la « connerie », il faut replacer les mots de Jaminet et les actes insensés de ses deux coéquipiers - après une soirée en Argentine très alcoolisée - dans un contexte particulier. Plus général. Dans lequel la « culture rugby », faite d’amitiés viriles et d’excès plus souvent impunis que dénoncés, reste largement à interroger.

Loin des regards et dans le secret douillet d’une « aventure collective », certaines de ces escapades nocturnes sont souvent érigées en médailles et trophées de guerre, en récit épiques si rien ne transpire. Dans le cas présent, outre les faits répréhensibles, l’équipe de France a flingué sa tournée, soldée par une dernière défaite contre l’Argentine dans une ambiance délétère. Un climat qui n’a donc pas dissuadé les joueurs de sortir après l’ultime match, encore une fois. Comme si la bouteille n’était pas assez pleine.

Le troisième ligne Oscar Jegou lors de la tournée de juillet, aux côtés de l’entraîneur des avants du XV de France William Servat.
Image compte Facebook Stade rochelais

Au sujet de l’affaire Auradou-Jégou, le président de la FFR le rappelle : « Jean-Baptiste Serin, le capitaine, lors de la soirée d’après-match à Mendoza, a demandé à tous les joueurs de rentrer à 1 heure du matin et d’aller dans leur chambre. » Une précision dont chacun doit tirer les conséquences, pour Florian Grill.

Quand la fête a bon dos et dérive... La question de l'encadrement est pointée par beaucoup mais le chantier reste entier.
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« On a beaucoup questionné le rôle de l’encadrement dans cet épisode mais on ne peut pas leur demander de rester devant la porte de l’hôtel pour surveiller des adultes par ailleurs très bien rémunérés, qui portent le coq français sur leur maillot. Ils doivent assumer leurs responsabilités. Il faut écouter la plaignante, il faut écouter la version des joueurs incriminés et faire confiance à la justice argentine. Mais de mon point de vue, de toute façon, les joueurs ont contrevenu aux règles de la FFR quel que soit le verdict. »

S’il a concédé que l’affaire était « un cataclysme », le sélectionneur Fabien Galthié a tenu à se montrer protecteur pour ses « pépites », dans les jours qui ont suivi la plainte déposée contre eux et leur arrestation en Argentine.
Image Rugbyrama

Là encore, les contrats des joueurs n’ont pas été remis en cause par leurs clubs respectifs (Pau et La Rochelle) alors qu’Auradou et Jégou manqueront, de fait, au moins les premiers matchs du championnat, qui démarre ce 7 septembre. Dans l’attente de la décision de la justice argentine, la présomption d’innocence est bien sûr brandie par les défenseurs des deux internationaux, le petit monde de l’ovalie bruissant en sous-voix d’une rumeur assurant que les deux hommes se seraient fait piéger par la victime, dans un but intéressé.

Quoi qu’il en soit, la soirée a bien eu lieu. Par conséquent les joueurs incriminés sont au mieux des garçons ayant perdu toute notion de civilité et au pire des individus violents et dangereux, quand ils sont ivres morts sur les coups des 5h30 du matin. De jeunes sportifs qui se déculottent en lieu et place de courtoisie quand ils croisent une mère de famille qui, au départ, s’autorisait une fête après un divorce récent : les caméras de l’hôtel ont filmé Auradou dans le couloir de sa chambre en train de baisser son pantalon devant le visage de la plaignante, alors qu’elle ramassait son portable tombé à terre.

C’est aussi le haut niveau et ses exigences folles (pression, psychologique, accompagnement médical et chimique des athlètes à l’origine de l’apparition de véritables golgoths sur le terrain...) qui expliquent ces descentes brutales, qui font l’actualité des faits divers. Tout un système que Laurent Bénézech questionne.
Images Blast.

Le rapport médico-légal effectué sur la plaignante a relevé tout de même une quinzaine de blessures. Pourtant, Maître Antoine Vey voit dans ce certificat médical « des indices importants » pour permettre d’innocenter ses clients, comme l’ex-associé de l'ancien ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti l’a confié au Midi Olympique, journal de bord du rugby, sans autres précisions.

Me Vey s’est démené avec un certain succès pour imposer son récit et celui de ses clients dans la presse française.
Image Le Figaro

De fait, les deux versions - celle des joueurs sous la protection de leurs avocats, qui maîtrisent, eux, l’art du sophisme, et celle de la plaignante - diffèrent. Doit-on s’en étonner ? On peut reformuler : comment en aurait-il pu être autrement ? Quel qu’ait été le degré d’affairement sexuel dans la chambre des deux joueurs, et au-delà des détails sordides relatés dans L’Équipe magazine du 24 août, le consentement reste sujet à caution compte-tenu de l’état d’ébriété avancé des acteurs. Et ce même si les deux colosses de l’équipe de France viennent d’obtenir de la justice locale l’autorisation de rentrer en France. Une décision accusée ce mardi par un communiqué tout en sobriété de la FFR et immédiatement saluée par leurs proches comme le signe d’une conclusion favorable annoncée. Les deux hommes de 21 ans, désormais revenus chez eux après avoir été cornaqués ces derniers jours par la mère d’Auradou, restent mis en examen pour viol aggravé, dans ce dossier.

« La nuit de la plaignante » : l’affaire de Mendoza à la une de L’Équipe magazine le 24 août 2024. Une accroche digne de celles de Détective.
Image L’Équipe

Un président sur le grill

Face à ce tableau, on comprend l’embarras ou plutôt l’inquiétude de Florian Grill. Ancien joueur du Paris université club, dirigeant d’une entreprise de communication, l’actuel président de la FFR se pose en réformateur. Il a pris l’année dernière la tête du rugby français après des années d’errements. Avant lui, alors que ses adversaires se sont précipités pour faire son procès et demander sa tête ces dernières semaines, ceux qui l’ont précédé n’ont pas spécialement brillé. Et certainement pas démontré que les « valeurs » du rugby avaient une influence sur les agissements personnels de ceux qui les vantent en cascade.

Pour mémoire, Grill a été élu l’année dernière après la condamnation en décembre 2022 du sarkozyste Bernard Laporte par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende. L’ancien ministre des Sports a été condamné pour avoir rendu une série d’arbitrages au bénéfice de l’homme d’affaires Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier, avant de faire appel. Il avait perçu de sa main 180 000 euros en mars 2017, en vertu d’un contrat d’image jamais honoré. Le même Altrad, sponsor au rabais de l’équipe de France, s’est ensuite empressé de recruter Laporte à Montpellier, où l’ancien sélectionneur est désormais directeur du club.

Laporte, « direction » la... revanche ? En pilotant avec son clan la candidature Codorniou, le dirlo de Montpellier - club de son ami Altrad qu’il a promu tout en haut du rugby français, dans un mélange d’affairisme et de conflits d’intérêts à l’origine de sa chute - tente de revenir dans un jeu dont il a été écarté.
Image Rugbyrama

A la tête de la fédération, l’ancien demi de mêlée de Bègles a laissé un boulet financier derrière lui, partiellement masqué : un déficit de 40 millions d’euros et une recette maigrelette tirée de la Coupe du monde - 5 millions d’euros seulement. Ce rappel souligne l’indigence d’une frange encore influente de dirigeants et ex-gloires, qui cultivent l’entre-soi, les passe-droits et l’omerta. Une tendance atavique à couvrir des faits, sauf quand ils ne peuvent plus l’être. Comme quand le directeur général de la Coupe du Monde 2023 Claude Atcher, un proche de Laporte, a dû être écarté par le ministère des Sports, en concertation avec la FFR et le Comité national olympique et sportif français, pour ses méthodes brutales de management. Une décision intervenue en aout 2022 après une série de rapports, dont un de l’inspection du travail. Mais même à ce stade, malgré ces casseroles, on peut s’enferrer dans le déni. Et entendre aujourd’hui le duo Laporte/Atcher se répandre en salves dénigrantes contre le nouveau président, qui doit composer avec leur passif - y compris le contrat irrévocable de huit ans de Fabien Galthié (55 000 euros mensuels hors prime, selon nos informations), ficelé bien avant son élection.

Si les dernières levées de la Coupe du monde puis du Tournoi ont déçu, le sélectionneur a su redonner des couleurs à un XV de France moribond. Tant mieux car le contrat qui le lie à la FFR le rend indéboulonnable. « Thank you Bernard » !
Image BBC

Se payer de bons mots

En réalité, depuis l’ère Albert Ferrasse - le pape d’Agen et du rugby amateur, dans tous les sens du terme -, le rugby français cumule des années de turpitudes et de vilains crocs-en-jambe. Autant d’accrocs répétés qui feraient des mois durant les titres des journaux sur des accents d’indignation s’ils étaient mis à jour dans le football. Mais pas dans le rugby.

Dans cet univers saturé de lieux communs - « convivialité », « solidarité », « sens de la fête », on en passe... -, l’esprit Patrick Sébastien avait poussé les dirigeants de Brive à se séparer de l’homme de télévision (ancien président du club). En cause, une gestion calamiteuse mais aussi des comportements hors du terrain, avec l’équipe d’alors, pointés dans d’autres cercles (culture, politique, médias) comme des abus de pouvoir, du harcèlement, voire du sexisme avéré.

Pousser les dirigeants du rugby français à se défaire de leur propre caricature – celle d’un sport de clochers où se taper dans la main (ou sur la figure) vaut contrat d’interdépendance - sera un long processus, tant ces huiles semblent coupées des réalités de leur époque. Changer les mentalités, pour défendre la transparence et la moralisation de rugbymen devenus des personnages publics, ne sera pas plus simple. Tout comme reposer les bases de ce qu’est une « tournée », au vu des pratiques exhumées lors de la dernière en date : ces temps inscrits dans la saison correspondent-ils toujours à un objectif sportif ? Ou faut-il les envisager plus objectivement comme... un défouloir ?

Besoin de débats, ouverture vs élections fermées, finances exsangues... L’ancien président de l’Association des joueurs de rugby pointe les enjeux des élections fédérales du mois prochain.
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Les chantiers à mener s’annoncent d’autant plus complexes que l’opposition à Grill s’est organisée en cette fin d’été en vue des élections fédérales du 19 octobre prochain. Didier Codorniou, candidat porté par ses adversaires, est ancien international, maire radical de gauche de Gruissan (Aude) et vice-président de la Région Occitanie. L’ex-trois-quarts centre du XV de France, qui vit loin de la réalité du rugby depuis longtemps, a débuté sa carrière politique sous la tutelle de feu Georges Frêche. En son temps, son mentor, maire de Montpellier, se payait sans scrupule de saillies racistes et de rires gras quand il évoquait les compositions des équipes nationales du sport français.

Après avoir été le lieutenant de feu Georges Frêche, l’actuel vice-président à la région Occitanie de Carole Delga espère crever l’écran pour son retour dans le rugby. Et en devenir le patron.
Image compte Linkedin Didier Codorniou

Soutenue par d’anciennes gloires, ex-membres influents de la FFR (Jo Maso, Serge Blanco, Jean-Claude Skréla et même Bernard Laporte, en sous-main), la liste Codorniou entend décaniller l’actuel président Grill, qui prétend ajuster les « valeurs » du rugby traditionnel à celles d’une société qui évolue vers plus d’intégration et des modes de vie et de penser qui n’ont plus rien à voir avec la sacro-sainte amitié, au nom de laquelle on efface les « conneries » à coup d’éponge magique. Cette ambition bouscule les habitudes, dessinant un match des anciens contre les modernes. Elle recouvre des enjeux majeurs comme la diversité des publics ou l’éducation des joueurs, et leur responsabilisation face aux dangers de l’alcool, de la drogue et en particulier de la cocaïne. Un produit (ce dernier) largement consommé dans ce sport même si le sujet est tabou – et les contrôles inopinés trop rares, pour en déceler la prise -, ce qui n’aide pas à refréner les instincts et ardeurs les plus primaires.

Drogue, cocaïne, le non-dit. Les explications de Laurent Bénézech
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L’enjeu est d’autant plus fort que le rugby n’est pas seul. Sans réaction, au regard des performances, du sérieux et de la modestie des athlètes qui ont pris la lumière pendant les Jeux olympiques de Paris, il court un risque de ringardisation accélérée.

Une autre image : celle des féminines tricolores lors des Jeux de Paris. Plus de diversité, d’inclusion, de respect, c’est aussi ce qui se joue derrière la campagne en cours pour la présidence de la fédération. Pour de vraies valeurs.
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Devenir adulte et conquérir l’exemplarité

« Mon problème est que l’on ne peut pas simplifier cette question (soulevée par le cas Jaminet, ndlr) de façon outrancière, pointe Florian Grill. Un travail de sensibilisation existe déjà. Dans les clubs, dans les centres de formation, au sein de Provale, le syndicat des joueurs. Nous avons une commission sur l’addiction mais il faut trouver le bon équilibre entre sensibilisation et sanction, et je crois que le volet sanction n’était pas limpide pour tout le monde. »

S’il a conscience du chemin à parcourir, l’actuel patron du rugby français considère néanmoins qu’il ne part pas totalement du point zéro : « Nous avons créé une commission anti-discrimination, contre l’homophobie, nous avons été en pointe sur ces sujets. Le rugby n’est pas un îlot de bienséance mais le reflet de la société. Ce dérapage de Melvyn Jaminet, ces propos racistes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sont inadmissibles. On a une société qui se tend et nous ne sommes pas épargnés. »

Florian Grill considère que le rugby doit assumer son rôle social et sa fonction éducative. Il a été élu à la tête de la FFR en juin 2023.
Image compte Facebook Florian Grill

Le rugby, en effet, n’est pas une île. On ne peut lui faire porter toutes les responsabilités. Mais simplement (déjà) les siennes. « La Fédération a des missions, poursuit l’ancien président de la Ligue Ile-de-France, nous devons non seulement assumer son rôle sportif mais aussi éducatif. Avant l’Argentine, nous avions déjà des cas de racisme, d’antisémitisme, de violences sexuelles ou de violences tout court, des problèmes avec l’alcool et la cocaïne. Mais nous avions déjà pris des mesures. Par exemples, les arbitres doivent sanctionner d’un carton rouge un joueur qui tient des propos racistes, ou ont le droit d’arrêter un match si ces insultes viennent des tribunes - pour permettre au président de s’exprimer dans le stade, voire d’arrêter définitivement la partie. »

Cocaine, performance, alcoolisme, dérapages... Un mal bien ancré.
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Sur un autre terrain d’une exemplarité à (re)conquérir, on peut rappeler que le Rochelais Oscar Jegou a été testé positif en août 2023 à la cocaïne. Convoqué par l’Agence française de lutte contre le dopage (l’AFLD) le 16 octobre, le champion du monde des moins de 20 ans, suspendu à titre conservatoire, avait regretté une « erreur de jeunesse ». L’AFLD avait fait preuve de clémence, estimant que cette prise de drogue était « récréative » - donc pas considérée comme du dopage sportif -, ramenant sa suspension de 3 à 1 mois. Une décision qui n’a pas eu le mérite de clarifier les idées de l’intéressé, ni de l’empêcher de partir en Argentine.

Pas la main qui tremble

« Il y aura un après Mendoza, répète pour sa part le président Grill. Nous avons déjà établi une grille de sanctions en concertation avec les clubs. Elle va de la sanction financière à l’exclusion temporaire ou définitive de l’équipe de France. Je n’aurai pas la main qui tremble sur le sujet. À l’évidence, il nous faut mieux formaliser les sanctions et surtout bien les faire connaître. » Reste que ce volontarisme, pour produire des effets, doit s’harmoniser à une volonté véritable de la Ligue et des clubs de lutter contre ces comportements (et déclarations) répréhensibles, en mettant la pression sur les joueurs. Mais à l’ère professionnelle, l’humeur serait plutôt à conserver intact un effectif, quelle que soit la moralité de quelques moutons noirs, et laisser le temps lisser les mauvais souvenirs.

Une fédération, deux écoles

Conjugés aux élections fédérales d’octobre, les récents événements en Argentine ont au moins une vertu : ils renvoient l’actuel président de la FFR à l’ampleur de sa tâche - s’il est réélu. Le Parisien, qui a dirigé le comité Île-de-France pendant des années, sait pertinemment qu’une partie de l’avenir du jeu à XV se joue dans les banlieues et les zones périurbaines, dans la mixité et la diversité et non uniquement entre le Gers et l’Hérault. Ce qui impose, c’est peut-être le plus grand défi, de parler (et convaincre) à une multitude de clubs amateurs (1) d’une France rurale, très éloignés de l’implication de clubs urbains dans l’insertion, l’intégration, l’inclusion et l’éducation.

Si le rugby veut demeurer un sport majeur, l’avenir passe par les grandes villes et les cités. Ici, lors du tournoi national des quartiers et campagnes, en juin. Une initiative en direction des zones prioritaires.
Image FFR
Un terrible saut en arrière

Le sortant ne se voile pas la face. Les poches de résistances sont nombreuses. « La FFR est la fédération la plus rurale après la chasse, constate-t-il, c’est là que ça se passe. D’une manière générale, il y a une négligence du local. Je souhaite bâtir une fédération à missions, tout le rugby doit se sentir concerné. Il faut être honnête, dire la vérité : on a passé trop de temps à mettre ce genre d’affaires sous le tapis. Dans le rugby comme dans d’autres sports, nous prenons en charge des hommes et des femmes avec humanité, nous formons des citoyens (Grill est un ardent défenseur de la loi de 1905 et un promoteur convaincu du rugby féminin, ndlr). Là, nous avons fait un terrible saut en arrière, terrible... Ça détruit tous nos efforts alors que, par exemple, le rugby à 5 pratiqué à l’école est un sport mixte. Vous imaginez notre position, vis-à-vis du rectorat ? Des éducateurs, des bénévoles ? C’est dramatique pour tout le monde. »

L’actuel président de la FFR, en visite fin août chez les dirigeants et licenciés de l’US Sévérac (Aveyron), sait que sa réélection se joue devant et avec les clubs amateurs.
Image compte Facebook Florian Grill

Cette « alerte », aux yeux de Grill, concerne tout particulièrement les clubs professionnels, qui n’existeraient pas sans les amateurs, qui forment les jeunes joueurs. « On n’a pas le droit de détruire cela. » Et beaucoup de parents doutent désormais des vertus éducatives du rugby. Pourtant, le haut niveau se nourrit toujours plus profitablement de garçons issus de clubs des cités, dont certains comptent aujourd’hui près de 80 % de joueurs immigrés, étrangers importés ou possédant un « passeport sportif ».

Un enjeu sociétal majeur

« Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’on demande trop au sport ou à l’éducation, mais nous n’avons pas assez de moyens, développe et plaide le président sortant. Où sont les endroits où l’on peut pratiquer du sport librement ? Ceux où les gens de toutes origines sociales peuvent se mélanger ? Les clubs manquent de moyens, nos installations datent des années 1970… Je ne veux pas en tant que président de fédération rester enfermé dans un rôle strictement sportif, je veux dialoguer avec le ministère de la Santé, de l’Éducation. Dans le rugby, par exemple, l’obésité n’est pas un problème mais ce fléau coûte 2,7 millions d’euros à l’État. Il vaudrait mieux anticiper. Avec des recettes simples. On devrait s’appuyer sur nous. Il y a aussi des enjeux d’emploi. Le rugby, par le lien social, favorise les contacts profitables. Le sport et le rugby constituent un enjeu sociétal d’importance bien au-delà des seules compétions et manifestations sportives. »

Retrouver l’exemplarité, assumer son rôle social et éducatif et respecter l’équilibre amateurs/professionnels. Le rugby français à la croisée des chemins. Bénézech tente de tracer la voie à suivre.
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Face à l’image désastreuse forgée par les récents épisodes d’abus sexuels, de violences, d’insultes racistes ou de violences conjugales (en mai 2023, l’international de Montpellier Mohamed Haouas a été condamné à un an de prison ferme), Grill, en homme lucide, doit bien soupeser l’immense remise en question qui s’impose à un sport dépassé par ses réflexes de caste et ses rivalités de clans. Ce ne sont pas ses mots mais c’est avec cette réalité-là qu’il faut composer, et surtout rompre.

Dans ce but, le diplômé d’HEC a tenu à organiser des « États généraux » du rugby le 29 août. Objectif : reposer collectivement les bases d’un moratoire afin d’améliorer pour le futur l’encadrement des équipes, les droits et devoirs des joueurs et dirigeants, durant les tournées des équipes françaises. La liste Codorniou a cru bon critiquer l’initiative, jugée précipitée et électoraliste. « À cinquante jours de l’élection, on organise une réunion où le rugby amateur n’est presque pas représenté, c’est de la poudre aux yeux », a taclé son concurrent, comme si le problème, de fond, ne méritait pas de s’en emparer sans attendre - pour peut-être éviter une réplique, à la prochaine tournée. Bel exemple de lucidité et de solidarité rugbystique... Ses opposants ont eu beau jeu également de demander la démission d’un Florian Grill submergé par ces affaires, mais qui n’est là que depuis quelques mois. D’autant que la disparition au Cap (Afrique du Sud) début août de l'international des moins de 18 ans Medhi Narjissi n’a fait qu’amplifier le sentiment d’un manque de sérieux et de professionnalisme de l’entourage des joueurs. Dans cette affaire dramatique, les parents de la jeune victime ont porté plainte contre la FFR.

Le groupe des sélectionnés de la tournée argentine, en juillet, rassemblé dans le club house du club de San Isidro.
Image Julien Poupart / FFR

À l’autre bout du spectre social d’une notabilité de province pour qui le rugby est un faire-valoir, d’autres se battent sur un terrain autrement plus complexe que la recherche de sponsors ou de généreux mécènes. Jean-François Puech est l’un d’eux. Proche du NPA, cet ancien rugbyman a lui aussi connu des ennuis avec la justice, pour avoir détourné les fonds d’une entreprise. Après cette chute, il a choisi de se relever lui-même et de se réintégrer, s’investissant intelligemment dans des initiatives qui se servent du rugby comme vecteur de socialisation - pour des personnes marginalisées ou en voie d’exclusion.

Après Drop dans les champs et son association Ovale Citoyen, encouragée par le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic, Puech est un des cofondateurs de la Fondation pour le sport inclusif, rattachée au groupe SOS. Parmi les membres de cette structure, qui part du constat que l’accès au sport n’est pas égalitaire, on trouve des joueurs et joueuses comme Mathieu Blin et Laura Di Muzio, des sportifs de tous horizons et des personnalités de la société civile. Ses actions en ont crispé plus d’un, en particulier quand Puech a monté une équipe composée de migrants. Cette tour de Babel à XV a dû quitter l’agglomération bordelaise pour être accueillie à Bègles, avec l’assentiment de Noël Mamère – l’ancien candidat à la présidentielle de 2002, ex-député et maire vert de Bègles. Les initiatives détonantes de « Jeff » Puech en soutien de joueurs prêts à combattre le racisme, la peur de l’autre, l’homophobie et le patriarcat ont attiré l’attention, mais son positionnement politique effraie les responsables du rugby dans le Médoc.

Pour Puech, l’évidence est là : le rugby s’est trop longtemps abrité derrière des valeurs de façade, en contradiction avec ses actes. « Le rugby est le reflet d’une société où la parole s’est libérée autour du racisme, surtout dans les divisions inférieures, mais aussi sur les agressions sexistes et sexuelles, constate-t-il par ailleurs. Cela touche aussi des supportrices, l’une d’elles a été agressée lors d’un déplacement d’une équipe de Top 14. Avant la présidence de Florian Grill, on avait certes mis en place un comité anti-raciste et contre l’homophobie qui avait le mérite d’exister mais qui n’a pas produit d’effets. Nous, maintenant, on va former des conseillers techniques et des éducateurs. »

Jeff Puech (au centre, avec les lunettes) à Toulouse avec la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra en mai 2024, pour une étape de la Tournée du sport inclusif.
Image Fondation pour le sport inclusif

Sport et politique, même(s) combat(s)

Il y a urgence. La concomitance du résultat des élections européennes et de la triste tournée en Argentine est troublante, d’autant que la carte électorale superposée à celle des fiefs du rugby questionne. Dans les divisions dites inférieures ou les compétitions de jeunes, les témoignages ne manquent pas pour illustrer le choc de deux cultures qui cohabitent mal : quand une équipe de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) se rend en province, tel entraîneur raconte que les vestiaires sont fermés à clés par crainte que les visiteurs ne soient des voleurs ; autre exemple, tel autre enseignant dans un établissement de sport-études confie avoir dû mettre les points sur les i avec de jeunes joueurs du Gers dont les réactions à l’égard d’élèves racisés étaient ahurissantes...

Le déversoir de tout

Jean-François Puech confirme : « J’entraînais dans la banlieue bordelaise et quand on allait jouer dans le Médoc nous entendions des insultes racistes dans les tribunes, nous avions la gendarmerie devant l’épicerie où nous nous arrêtions acheter à manger. Les zones rurales cultivent des traditions, les zones urbaines ou périurbaines ont un public composite, ce qui amène des tensions. Un joueur fidjien de Saint-Médard s’est fait insulter dans le Pays basque… Mais ça existe aussi dans le jeu à XIII. »

Pas d’exclusivité, donc. Mais Puech fait lui aussi la corrélation entre le moment politique et l’aggravation des manifestations racistes, sexistes et homophobes. « Les gens se sentent à même d’être le reflet de propos tenus sur CNews qui, s’ils ne sont pas ouvertement racistes, le sont implicitement. Et comme le stade est le déversoir de tout… »

En 2029, alors président de la FFR, Bernard Laporte sur le plateau d’Europe 1. L’occasion de dire que son job de chroniqueur chez Hanouna, sur C8, est « un honneur ». Parce « [qu’]il faut vivre avec son temps ».
Image Europe 1

Hasard de l’actualité, l’exemple vient parfois de haut. Le 24 juillet dernier, le député d’extrême droite du Var Frank Giletti s’est fait épingler par Le Canard enchaîné. A une collègue du Finistère, ce membre du XV des parlementaires a fait cette promesse : il votera pour elle, pour qu’elle accède au poste de secrétaire de l’Assemblée nationale, « à condition de (le) masser là » - précision apportée par le Varois, selon le plumitif, en... désignant son sexe. Classe.

Giletti s’est défendu en parlant de « blague », justifiée (à ses yeux) par la profession de l’élue bretonne - kinésithérapeute. Un aperçu de l’humour de garnison qui peut aussi s’emparer d’une équipe en goguette. La crasse ne s’incruste pas seulement au Parlement.

« Quand vous avez 45 % d’électeurs qui votent RN, est obligé de constater Jean-François Puech, les conséquences sont là. Fatalement, une proportion de ces gens est présente dans les quelque 2 000 clubs de rugby, et ils sont aussi dirigeants ».

Pour rappel, ce sont les amateurs qui élisent le président de la FFR. « Malheureusement, les élections fédérales sont des élections de personnes, moins de projets et je comprends la difficulté de Florian Grill à faire de ces problèmes un thème de campagne, analyse le cofondateur de la Fondation pour le sport inclusif. Et, en face, ce sont toujours les mêmes anciens joueurs qui reviennent. »

Justement, que peut-on attendre des joueurs ? « S’appuyer sur eux est compliqué. Je travaille avec Julien Pierre (cet ex-international est colistier de Florian Grill, ndlr) sur ce volet mais ils sont tous entourés d’agents, d’obligations, ce sont des stars. Ils sont devenus intouchables, il y a des intérêts financiers. L’interview d’Antoine Dupont dans Têtu a été un acte fort mais isolé. Avant, les joueurs avaient un double cursus études et sport, aujourd’hui, à 16 ans, ils entrent dans un tunnel vers la professionnalisation. On pourrait s’appuyer davantage sur le rugby à 7, qui est un exemple de mixité. Il y a aussi des acteurs importants comme Jérémy Clamy-Edroux, ancien joueur de Rouen qui a fait son coming-out et a largement aidé à travers une vidéo que la Fondation diffuse dans les clubs. Il est racisé et gay. »

En juin dernier, à un mois de Jeux de Paris, Antoine Dupont, la star du Stade toulousain et du rugby français, s’affiche à la Une du magazine Têtu. Contre l’homophobie.
Image Têtu

Réussir ce tour de force suppose un patient travail d’infiltration, au cœur des clubs. « Sur le cas Jaminet, nous étions d’accord pour que sa sanction soit réduite à condition qu’il fasse un stage de sensibilisation. On pourrait ramener sa sanction à 10 semaines, mais pour qu’elle ne soit pas que symbolique il aurait l’obligation de mener des missions dans les clubs de quartiers, par exemple. » D’autres anciens internationaux, qui ne s’expriment pas ouvertement, auraient souhaité la radiation pure et simple du XV de France.

Il s’est trompé de messagerie

Le candidat Didier Codorniou, lui, a choisi son camp. Celui des vieilles méthodes : il souhaite qu’on passe l’éponge, expliquant avoir « eu peur pour Jaminet », à qui il trouve toutes les excuses. « Il était avec ses copains, il s’est trompé de messagerie » ; « Je sais que ce n’est pas un joueur raciste » ; « Il a été attaqué avec une violence inouïe, notamment par le président de la Fédération » ; « j’ai eu peur qu’il mette fin à sa vie »... Une déclaration qui en dit long sur le chemin à parcourir et les résistances à vaincre.

Le 29 août, le challenger Codorniou (troisième en partant de la droite) en campagne à Brive, en Corrèze, une des places fortes historiques du rugby national.
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Pour Jean-François Puech, l’octroi des subventions aux clubs devrait désormais être conditionné à des missions sociétales. En commençant par afficher ostensiblement un ou des messages sans ambivalence dans leurs vestiaires : « Ici on se respecte, le racisme, le sexisme, l’homophobie n’ont pas leur place dans le sport. » « Il y a moins de débordements sur le terrain que dans les tribunes, reprend l’ancien joueur, mais il faut que les arbitres fassent leur boulot. Je comprends que certains aient peur sauf que, au bout d’un moment, les sponsors ne vont pas supporter le racisme et les agressions sexuelles. Alors, on fait des actions en direction des tribunes VIP. » Une cible prioritaire, sans doute. Reste que les clubs, dans leur immense majorité, sont peu enclins à orner leurs murs de messages antiracistes, antihomophobie et antisexistes.

Le président sortant Florian Grill devant les dirigeants et animateurs du club de l’Aviron castrais, en août. La campagne bat son plein.
Image FFR

« Il faut aussi sensibiliser les parents », plaide encore Puech, qui veut croire que ce qui s’est passé en Argentine finira par servir la cause, paradoxalement, en permettant, différemment, de continuer à se battre. Un optimisme qui se confronte néanmoins à une question et un problème : celui des moyens pour y parvenir. Alors que les droits télé sont florissants, rien n’est prévu financièrement sur le volet sociétal. Un constat - un dernier - qui confirme que si le rugby est bien un sport de combat, il est aussi un terrain de conquêtes. A mener.

(1) Longtemps, l’Île-de-France a compté le plus grand nombre de clubs affilés. Aujourd’hui, les ligues d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine, à elles deux, représentent plus de 40 % du total national. L’Île-de-France figure en 4e place (avec 143 clubs), devancée par l’Auvergne-Rhône-Alpes et ses 287 clubs. Avec 393 clubs, l’Occitanie se positionne en tête.

Tournées, encadrement, FFR, drogue, alcoolisme, dérapages et faits divers : auteur de Rugby, où sont tes valeurs ? (La Martinière, 2014) et créateur du syndicat des joueurs professionnels, l'entretien de l'ex-international Laurent Bénézech dans son intégralité.
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Crédits photo/illustration en haut de page :
Morgane Sabouret